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15/06/2013

L'AVENIR DES RELATIONS ENTRE L'UNION EUROPEENNE ET LA TURQUIE

Editorial

 A la suite des révoltes qui se sont développées au début du mois de juin en Turquie, beaucoup d’intervenants sur les chaînes de radio ou de télévision ont, sur un ton souvent larmoyant et empreint de nostalgie, regretté la responsabilité que porterait, selon eux, l’Europe sur l’islamisation de la Turquie et sur le fait qu’elle se détourne désormais de l’Europe. Cette attitude résulterait, selon les mêmes, du fait de son refus de favoriser l’entrée de la Turquie au sein de l’Union européenne.

C’est oublier que l’Europe n’a pas vocation à intégrer toutes les puissances du monde candidates à une adhésion. Les critères liés à une démocratisation de tel ou tel régime politique ne sauraient suffire.

Aussi, la position de M. Stefan Füle, le Commissaire européen à l’élargissement qui plaide en faveur d’une poursuite du processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, à l’instar d’une partie importante de l’opinion publique, est de nature à nous interpeller.

Une puissance européenne ne saurait s’affirmer, nous voyons déjà les difficultés considérables qui existent entre les 27 Etats membres, en l’absence d’une vision globalement commune de la société, de valeurs et de principes communs et d’une identité socio culturelle.

La Turquie doit être un partenaire avec lequel on doit et on peut développer des échanges multiples et avec laquelle il convient d’établir des relations de confiance et d’amitié.

Elle ne saurait être, en revanche, un Etat membre d’une Fédération européenne qui hélas a déjà beaucoup de mal à s’affirmer, à se reconnaître et à s’identifier comme une puissance pleine et entière sur la scène mondiale.

Dire et écrire cela, ce n’est pas faire preuve d’ostracisme à l’égard d’une puissance, la Turquie, qui a vocation à jouer un rôle majeur dans sa zone d’influence et avec laquelle, il convient d’établir et de développer des relations cordiales dans le cadre d’une coopération efficace dans de nombreux domaines.

C’est aussi et surtout faire le choix d’une Europe dotée à la fois des instruments de la souveraineté, d’une personnalité et d’une identité lui permettant de s’affirmer précisément sur cette scène du monde évoquée précédemment.

L’union européenne ne devrait pas se substituer à une sorte d’ONU bis, fut-elle régionale mais devrait s’édifier en tant que puissance régionale à l’image des « Etats-Continents » qui émergent  et s’affirment à l’horizon des décennies qui viennent.

Il s’agit bien de faire un choix entre deux démarches fondamentalement  antagonistes.

Gérard-David Desrameaux

19/05/2013

UNE INITIATIVE EUROPEENNE POSITIVE

Editorial

« Mon devoir, c’est de sortir l’Europe de sa langueur (…) ». Cette phrase prononcée par le chef de l’Etat lors de sa conférence de presse du 16 mai 2013 mérite de retenir toute notre attention.

Il convient de saluer comme il se doit la proposition faite ensuite par le président de la République d’aller vers un fédéralisme budgétaire et vers la formation à terme d’un gouvernement économique de la zone euro.

J’ai trop souvent dénoncé sur ce site l’absence d’un véritable dessein européen chez la plupart des dirigeants français, et souvent aussi européens, pour ne pas taire aujourd’hui ma satisfaction de voir et entendre le chef de l’Etat reprendre l’initiative sur le terrain européen.

Nous appelions à l’audace, nous demandions aux Européens de conviction de s’exprimer.

Il faut désormais inviter tous les européens sincères et responsables de ce pays à emboîter le pas au président de la République et à faire en sorte que les intentions ainsi affirmées soient suivies d’effets et que des propositions concrètes soient formulées, propositions qui soient acceptables par nos partenaires.

Depuis des années, le RCE en appelle à la création d’une « Europe puissance » et à l’émergence d’une gouvernance européenne qui soit à la hauteur des enjeux.

Félicitons-nous de ce ton nouveau et de cette relance d’un projet fédérateur.

Il est en effet urgent de redonner aux peuples de l’Union et plus encore à ceux de la zone euro des raisons de croire et d’espérer dans le projet européen.

Ces peuples perdaient espoir car chaque jour des faits, des mesures prises, des décisions arrêtées accréditaient l’idée que l’Europe était défaillante et ne remplissait pas les missions qui lui incombaient.

Pensons à cette phrase, souvent rappelée sous ma plume, prononcée par François Mitterrand : « La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir.»

Oui, il est urgent de franchir de nouvelles étapes et d’aller vers ce fédéralisme qui donnera tort à tous les détracteurs de l’Europe.

Seul un vrai et authentique fédéralisme permettra par son caractère démocratique indiscutable de doter l’Europe, et plus particulièrement  la zone euro, des instruments de pouvoir et d’efficacité ainsi que la légitimité nécessaire pour faire et agir au nom des peuples.

Il faut en appeler à tous les démocrates et républicains sincères que compte ce pays pour qu’ils renforcent par leurs initiatives et contributions cette démarche.

Plaçons au centre des élections européennes de juin 2014 la question fondamentale de la Constitution d’une authentique gouvernance économique européenne.

Gérard-David Desrameaux

 

* Se reporter à de précédents éditoriaux de ce site relatifs à la gouvernance économique de l’Europe

 

05/05/2013

UNE CITOYENNETE, CELA SE CONSTRUIT...

 Editorial

 2014, c’est demain ! Je reviens à dessein sur ce thème abordé il y a un peu plus d’un mois dans mon précédent éditorial.

Oui, nous sommes à moins d’un an des élections européennes et le climat qui s’est installé au cœur de nos démocraties est particulièrement inquiétant.

L’esprit européen est défaillant.

Les avocats du projet européen sont quasiment muets et, dans le même temps, les pourfendeurs de toujours de l’Europe durcissent le ton et sonnent l’hallali. Pour ces derniers, l’Europe est désormais aux abois. Le plus consternant est de constater que des responsables politiques de la majorité comme de l’opposition, que l’on tenait pour des responsables sérieux et engagés en faveur de la construction européenne en « rajoutent » et font tout ce qu’il est possible de faire pour favoriser la montée en puissance des extrêmes et des populismes de toute obédience.

Tout, ou presque, est fait pour éloigner les citoyens du projet européen et pour rejeter sur cette entité en devenir, l’Europe, la responsabilité des déconvenues actuelles.

L’Europe, bouc émissaire, l’Europe, culpabilisée, montrée du doigt, jetée au pilori, permet à beaucoup de se dédouaner à bon compte et d’accréditer l’idée fausse mais largement véhiculée et rarement démentie que la crise n’existerait pas en l’absence des contraintes imposées par Bruxelles.

D’aucuns annoncent la mort inéluctable de l’euro. D’autres lancent des anathèmes contre l’Allemagne et la chancelière Angela Merkel. D’autres encore stigmatisent Bruxelles, la technocratie bruxelloise et les europhiles qu’ils qualifient de « béats ».

Tout ceci, convenons-en, va à l’encontre de l’idéal européen et de l’esprit qui devait, qui devrait présider  à la création d’une Europe puissance.

C’est ainsi que beaucoup disent que ce projet est voué à l’échec car il n’existe pas de peuple européen.

Or, une citoyenneté, cela se construit progressivement, avec des apports réguliers, un sentiment d’appartenance qui se développe avec le temps, avec l’affirmation de droits et de devoirs, avec une lente mais solide prise de conscience de l’intérêt qu’il y a pour des femmes et des hommes de s’unir non pas contre, en l’espèce le reste du Monde, mais pour défendre des causes qu’ils estiment justes, des valeurs communes, une culture, des principes largement partagés, une volonté de vivre ensemble et de bâtir  un avenir fondé sur une vision toute aussi commune d’une société harmonieuse.

Une citoyenneté européenne, puisque c’est d’elle qu’il est ici question, doit être le fer de lance de la construction européenne plus que ne l’est aujourd’hui la sacro-sainte loi de la libre concurrence qui ne doit pas tout commander aux lieu et place des politiques et des peuples.

L’Europe, ce n’est pas, ce ne peut pas être  que celle des marchés, même si ceux-ci ont bien évidemment un rôle à jouer dans des limites qu’il convient de définir.

Si l’on ne prend pas rapidement conscience de cela, de façon intelligente et raisonnée, les détracteurs de l’Europe mettront à mal un projet qui apparaîtra comme une utopie là où ses partisans y voyaient, y voient encore une chance pour ses peuples de développer un modèle de civilisation pour les générations à venir et pour les autres peuples de notre planète.

 Gérard-David Desrameaux