10/05/2014
COMMUNIQUE
Au cours des derniers jours, des appels se sont multipliés pour « Plus d’Europe à la télévision », ces appels faisant suite à une pétition lancée par l’association « Sauvons l’Europe » plaidant pour plus d’Europe à la télé.
Ainsi, une trentaine de candidats français aux élections européennes ont appelé France télévisions à diffuser en direct le « Grand débat » des élections du 15 mai.
France télévisions a rappelé le 27 avril 2014 que le débat du 15 mai serait retransmis par les groupes européens d’audiovisuel public sur leurs chaînes parlementaires dont LCP-Public Sénat en France.
Le RCE tient à souligner qu’un effort considérable devrait être fait par les chaînes de télévision et de radio relevant de l’audiovisuel public pour assurer la diffusion et la retransmission de nombreux débats consacrés aux élections européennes qui se dérouleront du 22 au 25 mai 2014 dans le cadre des 28 Etats de l’Union.
Lorsqu’un taux d’abstention de l’ordre de 60% est annoncé, les démocrates et républicains doivent tout faire pour inverser une telle tendance. C’est une question d’intérêt public même s’il appartient aussi et d’abord aux acteurs politiques, gouvernants et partis notamment, de sensibiliser les citoyens en leur proposant des projets ambitieux, cohérents et crédibles de nature à les motiver et à les mobiliser.
Le Bureau du RCE
12:35 Publié dans Communiqués du RCE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élections européennes, france télévisions débats électoraux, rce, abstention
05/05/2014
Signification politique de l'élection du Parlement européen
DOSSIER
Depuis 1979, les élections au Parlement européen ont lieu tous les cinq ans, au suffrage universel direct mais malheureusement la participation à ce scrutin a été presque continuellement décroissante. En France, par exemple, elle n’était en 2009 que de 40, 2%, alors qu’elle était encore de 52,7% quinze ans plus tôt, en 1994.. Le taux d’abstention est donc nettement plus élevé qu’en ce qui concerne les principaux scrutins nationaux,,c’est-à-dire les élections présidentielles, législatives ou municipales, où la participation est toujours au moins de 60% et dépasse même parfois le seuil de 80%. Ceci est paradoxal car, que l’on s’en félicite ou qu’on le déplore, chacun sait que l’Union européenne exerce sur nos conditions de vie une influence pratiquement aussi importante que nos autorités politiques nationales. Dès lors, pourquoi les électeurs qui participent régulièrement à l’élection des députés à l’Assemblée nationale n’ont-ils pas le même comportement civique lorsqu’il s’agit de désigner leurs représentants au Parlement de Strasbourg ?L’explication tient probablement au fait que les élections législatives ont une signification politique forte, parce que c’est la majorité siégeant à l’Assemblée nationale qui détermine le choix du Premier ministre et des membres du gouvernement, alors que beaucoup de gens croient que le Parlement européen est cantonné dans un rôle technique et purement législatif qui consiste à voter sur des projets de règlement ou de directive préparés par la Commission et qu’il ne peut amender que sur des point secondaires.
Le traité de Lisbonne a introduit de nouveaux mécanismes qui devraient faire comprendre à tout le monde que le Parlement européen n’a pas seulement un rôle législatif. Depuis toujours, la Commission européenne (qui est un peu par rapport à l’Union européenne l’équivalent de ce qu’est le gouvernement par rapport à la République française) est responsable devant le Parlement qui peut la renverser en adoptant une motion de censure. Il s’ensuit logiquement que la Commission ne peut fonctionner que si elle bénéficie du soutien au moins tacite du Parlement. Mais ce qui est nouveau dans le traité de Lisbonne, c’est qu’il associe le Parlement à la mise en place de la Commission en lui donnant un pouvoir de veto en ce qui concerne le choix du président et des autres commissaires. Le mécanisme, prévu par le nouvel article 17. 7 du TCU est le suivant :
La Commission est nommée pour cinq ans, c’est-à-dire pour la durée d’une législature du Parlement européen. Au début de chaque législature, le Conseil européen (c’est-à-dire la réunion des chefs d’État ou de gouvernement de tous les États membres de l’Union) propose au Parlement européen un candidat à la fonction de Président de la Commission « en tenant compte des élections au Parlement européen ». Cette condition est essentielle car elle signifie que le candidat ne peut pas être choisi de façon discrétionnaire. Il ne peut s’agir que d’un membre de la majorité parlementaire ou d’un proche de cette majorité. Le candidat proposé doit ensuite être élu par le Parlement européen à la majorité des membres qui le composent et s’il n’obtient pas cette majorité, le Conseil européen doit proposer un autre candidat. La commission est un organe collégial qui comprend actuellement autant de commissaires qu’il y a d’États membres, c’est-à-dire 28. Ils sont choisis d’un commun accord entre le Conseil européen et le Président élu, sur la base des suggestions faites par les gouvernements des États membres. Une fois que la Commission est formée, elle est soumise à un vote d’approbation du Parlement européen de façon à ce que celui-ci donne son accord sur le choix non seulement du Président mais aussi de l’équipe toute entière..
Depuis l’adoption du Traité de Lisbonne, le système institutionnel de l’Union européenne ressemble un peu à un régime parlementaire du type de celui que la France a connu sous la IV° République, entre 1946 et 1958. Sous ce régime, le Président de la République, au début de chaque législature proposait un candidat au poste de président du Conseil et ce candidat, ainsi que les ministres qu’il avait choisis, devaient être investis par l’Assemblée nationale.
Il existe tout de même deux différences importantes entre le système institutionnel de la IV° République et celui de l’UE :
1) La première c’est que le Président de la République dans la Constitution de 1946 n’avait qu’un rôle effacé (il choisissait un candidat à la fonction de Président du Conseil mais une fois que ce candidat avait été investi, il n’avait plus d’influence sur lui) .Au contraire, le Conseil européen, qui choisit le candidat à la présidence de la Commission est l’organe suprême de l’UE et le Président de la Commission devra rester en contact permanent avec lui pour déterminer les grandes orientations de sa politique.
2) La seconde différence tient au fait que le Président de la Commission est beaucoup moins libre dans le choix de ses collaborateurs, c’est-à-dire des autres commissaires, que ne l’était le président du Conseil dans le choix de ses ministres parce qu’il doit tenir compte des quotas par nationalité, de l’avis des gouvernements nationaux et des préférences du Conseil européen.
Il n’en est pas moins vrai que, pour la première fois, grâce à cette nouvelle procédure de désignation de la Commission, les citoyens européens auront la possibilité d’émettre un vote significatif non seulement pour la composition de l’organe législatif mais aussi pour l’orientation politique de l’exécutif communautaire. Quelle que soit leur opinion sur l’action de l’Union européenne, les électeurs pourront donc l’exprimer avec plus de force parce que leur suffrage pèsera plus lourd. Espérons que beaucoup de citoyens s’en rendront compte et que, le 25 mai, ils seront plus nombreux à voter qu’ils ne l’ont été les fois précédentes.
Francis Hamon
Vice-président du RCE
13:00 Publié dans Dossiers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rce, élections au parlement européen, traité de lisbonne, francis hamon, commission européenne, conseil européen, union européenne
14/04/2014
POUR UNE EUROPE SOUVERAINE
Editorial
Dans un précédent livre Pour une Europe puissance, dans un monde plus ordonné publié en 2005 chez le même éditeur, je dénonçais « la collusion de fait entre les souverainistes et les adeptes d’une Europe qui se réduirait à une simple zone de libre échange ».
A travers divers textes qui se voulaient être autant de plaidoyers que de leitmotivs, j’appelais tous les défenseurs de l’Europe puissance à se rassembler en transcendant leurs clivages politiques pour faire avancer ce grand projet.
Dans l’introduction, j’indiquais notamment : « Je crois en une Europe qui oserait s’affirmer en tant que telle, c’est-à-dire en tant qu’Europe puissance, afin de permettre aux Etats, aux nations et aux peuples qui la composent de compter et de ne pas perdre leur rang et leur rôle.
Je crois en une Europe des valeurs, forte, imprégnée d’humanisme, de raison, de la philosophie des lumières et de son héritage culturel, respectueuse tant des droits et des devoirs de l’homme et de la femme, qui sache s’affirmer et s’imposer afin de faire respecter précisément ces valeurs et ces principes pour lesquels des générations entières ont combattu, parfois au sacrifice de nombreuses vies.
Je crois en une Europe unie qui permettrait à chacune des nations qui en ferait partie d’enrayer son inéluctable déclin si d’aventure elles entendaient rester à l’écart de ce projet, de ce grand dessein comme j’ai l’habitude de le désigner. »
Car l’Europe, en effet, est un grand dessein. Sous réserve, évidemment que l’on ne se contente pas de construire l’Europe des marchands, mais que l’on ait vraiment à cœur de faire celle des citoyens et des peuples d’Europe.
Expliquer, expliquer encore et toujours les raisons de croire en l’avenir de l’Europe en tant que puissance m’a toujours paru être quelque chose de consubstantielle à notre propre survie en tant que civilisation.
Abandonner une part de souveraineté au niveau de chaque nation, c’est aller vers une souveraineté partagée au niveau européen, c’est accepter l’idée d’une Europe souveraine. Or, une Europe souveraine, c’est permettre aux peuples qui l’habitent de continuer à pouvoir jouer un rôle sur la scène du monde et amplifier l’écho de leurs voix dans le concert des nations.
Dès 1992, je dénonçais une politique d’élargissements prématurés : « Vouloir anticiper là encore les échéances, ne conduirait qu’à provoquer l’écroulement d’un édifice dont on doit d’abord consolider les bases si l’on souhaite qu’il puisse résister aux aléas de l’Histoire. »
L’élargissement de l’Europe ne doit pas être une fin en soi et servir d’alpha et d’oméga au projet européen.
L’Europe est confrontée à une grave crise d’identité. Nous le savons depuis longtemps. En mai 1994, j’indiquais : « L’Europe qu’il s’agit de construire est celle des citoyens et non celle des nationalismes et des tribus.»
Dans le même sens, il m’a toujours paru fondamental pour l’avenir de l’Europe que les femmes et les hommes d’Europe sachent transcender leurs clivages partisans sous peine de rendre impossible la concrétisation de cette grande idée qu’est le concept d’Europe unie.
L’Europe n’est pas qu’un espace géographique. C’est aussi et surtout une histoire et une culture.
De l’antiquité gréco-romaine jusqu’à l’époque contemporaine en passant par la Renaissance, l’Europe a joué un rôle fondamental dans l’émergence d’une civilisation phare et n’a pas cessé d’essaimer idées et projets qui ont fait le tour du monde.
Là où certains raisonnent en termes de parts de marché, il faut que nous raisonnions en termes de civilisation et c’est cette approche qui doit guider nos pas.
Promouvoir une Europe puissance, une Europe souveraine permettra précisément à cette civilisation de rayonner et de se développer.
A l’évidence, tous les Etats de l’Union ne sont pas prêts à faire le saut qualitatif qu’impose cette approche et cette volonté de franchir un pas décisif. Aussi, est-il urgent qu’une avant-garde, un noyau dur se constitue afin de donner l’impulsion nécessaire. Rien ne serait pire que l’inaction et le sentiment que décidément l’Europe Unie demeure un vœu pieux.
Toujours dans le même sens, j’écrivais en septembre 2003 : «Aussi, le moment est-il sans doute proche où quelques-uns des Etats fondateurs et quelques autres Etats membres de l’Union européenne devront prendre des initiatives fortes afin de donner le jour, au sein de l’Union actuellement en devenir, à cet embryon véritable de l’Europe puissance que nous appelons de nos vœux.»
Avec mes amis du Rassemblement Civique pour l’Europe, club de réflexion et de propositions politiques, j’ai toujours milité et tenté d’œuvrer en faveur d’une Constitution européenne qui aurait pu être, qui aurait dû être l’acte fondateur de cette Europe puissance, de cette Europe souveraine. C’est pourquoi le premier éditorial retenu dans ce livre explicite les raisons de mon choix en faveur du oui lors du référendum relatif au traité constitutionnel de 2005. Les textes suivants constituent autant de plaidoyers et de leitmotivs en faveur de l’émergence d’une Europe souveraine, seule réponse crédible aux thèses des europhobes qui défendent le souverainisme au niveau des seuls Etats et se trompent ainsi de temps et d’époque.
Mis bout à bout et précédés d’un court texte rappelant le contexte dans lequel s’inscrivait chacun de ces textes, ils complètent ceux qui étaient réunis dans Pour une Europe puissance dans un monde plus ordonné et ont la « modeste ambition » de proposer des pistes de réflexion, voire des solutions pour permettre au projet européen de rebondir et de retrouver l’adhésion des peuples.
Puissent les quelques propositions et idées développées tout au long des pages qui suivent alimenter positivement le débat et être relayées par les acteurs du changement au niveau européen, c’est-à-dire bien sûr les dirigeants mais aussi les citoyens.
Puissent-ils aussi constituer autant de réponses de nature à endiguer la montée en puissance d’europhobes qui ne mesurent pas les effets négatifs que ne manqueraient pas d’entraîner pour chacune des nations d’Europe la mise en œuvre de leurs propres propositions.
Gérard-David Desrameaux
* L’auteur reproduit ici l’introduction de son dernier livre : Pour une Europe souveraine, Ecrits et plaidoyers.
Dans le même sens, il en reproduira prochainement la conclusion.
22:55 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe souveraine, europe puissance, europe des citoyens, souveraineté partagée, europhobie, euroscepticisme