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06/11/2011

DE L'ELARGISSEMENT A LA DILUTION!

Editorial

 On annonce la signature à Varsovie le 19 décembre prochain du traité d’adhésion de la Croatie à l’Union européenne, les négociations commencées en 2005 ayant abouti le 30 juin après six années. La Croatie deviendrait ainsi le 28ème membre de l’Union européenne à compter du 1er juillet 2013 sous réserve de l’approbation de cette adhésion par le Parlement européen.

Le chef de l’Etat, lors d’un déplacement en Géorgie le 9 octobre dernier, a déclaré que « la Géorgie devait être libre d’exprimer son aspiration à l’Union européenne » et un jour la rejoindre « sous réserve de réformes et de l’approfondissement de [sa] démocratie ».

On peut comprendre les raisons d’une telle déclaration, à savoir soustraire la Géorgie de la zone d’influence souhaitée par la Russie qui se montre hostile à toute extension des structures euro-atlantiques, sans pour autant y souscrire.

De son côté, le 12 octobre, M. Stefan Füle, commissaire à l’élargissement - on peut être perplexe sur le maintien d’un tel poste eu égard au contexte - présentait son rapport sur les candidats à l’élargissement. Ceux-ci étant au nombre de neuf Etats : l’Albanie, la Bosnie, la Croatie, l’Islande, le Kosovo, la Macédoine, le Monténégro, la Serbie et la Turquie. Certains de ces Etats voyant, selon ce rapport, leurs chances d’adhérer dans un avenir plus ou moins rapproché, dont l’Islande, sous réserve que cette adhésion soit adoptée par voie référendaire, et sans doute plus tard, la Serbie et le Monténégro.

Ainsi, une fois de plus, l’idée d’élargir, d’élargir encore, d’élargir toujours, semble être au centre des préoccupations de nombre de dirigeants européens, alors que des nuages s’amoncellent au dessus du devenir de cette entité européenne que l’on prétend vouloir construire tout en s’interdisant de la doter des moyens qui lui permettraient d’exister vraiment en tant que telle.

L’Europe intégrée ne devrait pas vouloir toujours s’étendre car cette extension se fait bien évidemment, comme nous n’avons jamais cessé de le dire et de l’écrire depuis des années, au prix d’une dilution dans un vaste ensemble de moins en moins homogène  et donc de plus en plus ingouvernable. La crise à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés ne fait que confirmer hélas nos craintes et inquiétudes souvent exprimées ici.

Il est tout simplement aberrant, et je tiens à le réaffirmer une nouvelle fois, de vouloir aujourd’hui encore élargir alors même que nous subissons chaque jour davantage les conséquences d’élargissements successifs, mal préparés et surtout prématurés.

Nous avons répété depuis des années que l’approfondissement devait précéder tout nouvel élargissement et qu’il était temps de faire une pause. Dans le même sens nous n’avons cessé d’en appeler avec les Européens les plus conséquents et les plus sincères à plus de fédéralisme dès lors que l’on acceptait d’avoir une  monnaie unique.

Une fois de plus, il faut  dire à tous ceux qui ne semblent pas avoir pris l’exacte mesure des conséquences d’élargissements intempestifs sur l’avenir de l’Union qu’il est urgent de changer de cap. C’est une simple question de bon sens.

 Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE

 

16/10/2011

DEMAIN, UN GOUVERNEMENT ECONOMIQUE POUR L'EUROPE ?

Editorial

Monsieur Alain Juppé, ministre d’Etat, ministre des affaires étrangères et européennes a récemment déclaré qu’il était favorable à « une véritable fédération européenne » se déclarant opposé à toute idée de démantèlement, voire de sortie de la zone euro, car selon lui, «Remettre en cause la zone euro, c’est remettre en cause la construction européenne » avant d’ajouter que « c’est aujourd’hui irresponsable. »

Le ministre s’est également déclaré favorable au franchissement d’une première étape dans la constitution d’un gouvernement économique européen.

L’intention est louable et doit être saluée comme il se doit.

Il est vrai aussi, qu’au-delà des mots et des souhaits tout à fait positifs il y a encore ici et là au cœur de l’Europe trop de réserves et de réticences qu’il convient absolument de dissiper et de réduire.

Trop d’arrière-pensées, trop d’hésitations freinent l’émergence d’un authentique gouvernement économique et demain politique de la zone euro. Ainsi, une réunion deux fois par an comme cela a pu être évoqué par certains, ne saurait tenir lieu de gouvernement de cette zone.

Une telle perspective n’est évidemment pas à la hauteur des enjeux et ne saurait être la réponse adaptée pour faire face aux défis de notre temps et à la gravité de la situation dans laquelle se trouve l’Union européenne et en particulier la zone euro.

Un gouvernement fédéral doit être doté des instruments de la puissance. C’est ainsi qu’il doit être capable à la fois d’anticiper et d’être suffisamment réactif car certaines décisions ne peuvent attendre et l’hésitation n’est pas permise, particulièrement en période de crise.

Il doit être un véritable pouvoir capable d’agir, de décider et d’engager les Etats et les peuples composant l’ensemble. Il lui faudra donc à terme, c’est-à-dire, dans mon esprit bientôt, tirer sa légitimité du peuple européen souverain.

On a pu craindre, à un moment récent, que la Slovaquie pourrait empêcher le sauvetage de l’euro eu égard à son vote négatif initial, suivi d’un deuxième vote, celui-ci positif, sur le renforcement du Fonds européen de stabilité financière décidé le 21 juillet 2011.

Il faut éviter qu’à l’avenir ce type de situation puisse se reproduire. L’avenir d’une communauté de trois cent trente deux  millions d’habitants ne peut dépendre, du fait d’un vote à l’unanimité de tous les Etats, de l’opposition, voire de la mauvaise volonté d’un seul d’entre eux fut-il l’un des plus petits tant en nombre d’habitants qu’au regard de son produit intérieur brut.

La règle de la majorité devrait donc se substituer dans les meilleurs délais à une règle, celle de l’unanimité qui bloque, affaiblit et dilue les pouvoirs de l’Union.

L’instauration d’un véritable gouvernement économique appelle donc une réforme en profondeur des institutions de l’Union européenne et plus encore du fonctionnement de la zone euro.

Il n’est que temps de s’atteler à cette tâche car aujourd’hui, alors que la crise fait rage, les gouvernements respectifs de nos Etats ne peuvent qu’improviser et colmater les brèches d’un ensemble dépourvu des instruments de sa puissance.

 

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE

11/09/2011

A L'ATTENTION DES CANDIDATS A L'ELECTION PRESIDENTIELLE

Editorial

Peu à peu les candidats à l’élection présidentielle, qu’ils soient candidats virtuels ou non, candidats à la candidature ou candidats bien réels, font entendre le son de leur voix et esquissent le développement de certains thèmes et propositions qu’ils comptent mettre au cœur du débat qui permettra aux Françaises et aux Français de les départager.

A cet égard, il me paraît important pour tout candidat sérieux qu’il soit en mesure de mettre en valeur le rôle moteur qui peut être et doit être celui d’un chef d’Etat qui s’en tient à l’essentiel montrant la voie, la direction qu’il faut emprunter.

Aussi, est-il fondamental pour tout candidat crédible d’insister sur sa conception de la « fonction présidentielle » et de mettre en valeur son « approche du pouvoir ». C’est cette approche qui permettra en effet au corps électoral de trancher.

Ce n’est pas, ce n’est plus d’un catalogue, d’un programme trop souvent tributaire du temps et de la conjoncture, dont l’électorat a besoin mais d’un projet, d’une orientation et d’une vision que j’aime qualifier de « grand dessein ».

La France n’attend pas d’un  président qu’il soit « normal » ou « anormal », mais un président qui préside, arbitre au sens noble du terme et soit capable de proposer un grand dessein.

Aux forces politiques, aux clubs et aux partis d’élaborer des programmes et propositions. A l’Homme d’Etat, d’incarner cette vision, ce grand dessein et de parler le langage de la vérité et de la sincérité.

Parmi ces grands desseins, je citerai volontiers, notamment, mais il en existe évidemment d’autres sur lesquels j’aurai l’occasion de revenir au cours des prochains mois :

-         la défense du pluralisme passant nécessairement par une loi électorale plus juste permettant une représentation aussi fidèle que possible des différentes sensibilités politiques du pays ;

-         la volonté de gouverner autrement, en tenant davantage compte de ces différentes sensibilités avec le souci constant, d’une part, de privilégier l’intérêt général et, d’autre part, de rompre avec la politique stérile du bloc contre bloc, du camp contre camp qui conduit à une impasse. Une telle volonté, un tel choix, il faut le savoir, implique une approche plus consensuelle de l’exercice du pouvoir, car dénoncer  le bloc contre bloc implique que le Parlement redevienne le lieu par excellence du débat débouchant le cas échéant sur des majorités à géométrie variable selon les thèmes et sujets abordés. Refuser cette logique en se contentant de dénoncer le bloc de gauche contre le bloc de droite reviendrait à accepter l’émergence d’un nouveau bloc contre d’autres blocs et ne changerait pas fondamentalement la donne ;

-         s’agissant de l’Europe, autre grand dessein, il me paraît fondamental que tout candidat sérieux ne laisse pas en jachère ce terrain. Tout candidat crédible doit s’inscrire dans la lignée des pères-fondateurs de l’Europe et des grands Européens du vingtième siècle en se faisant le héraut de cette cause-là et le porte-parole d’une Europe politique, citoyenne, humaniste et solidaire, sans hésiter à parler de fédéralisme. A cet égard, face à la montée des populismes, qu’il convient vraiment d’opposer, comme on sépare le bon grain de l’ivraie, au concept de prise en compte des aspirations légitimes des peuples, il y a un travail considérable à faire tendant à démontrer que l’Europe doit être plus unie, plus sociale, plus humaine et plus identifiable. A cet égard encore, tout candidat crédible devrait pouvoir reprendre à son compte, en ces temps d’incertitude, la formule de François Mitterrand : « La France est notre Patrie, l’Europe est notre avenir » ;

J’ajoute que celui ou celle qui bannira de son vocabulaire les petites phrases assassines et rejettera l’invective, les jeux de mots faciles, les insultes et le dénigrement de l’autre, des autres, devrait avoir notre préférence, car celui-ci ou celle-là aurait compris ce que gouverner veut dire et pris l’exacte mesure de la tâche à laquelle il entend se consacrer.

J’ajoute encore que la France a besoin de consensus mais pas d’un consensus mou qui serait synonyme d’inaction et qui conduirait à ne rien changer de peur de réveiller les passions et de susciter des conflits.

Il faut un consensus fort pour agir, pour faire évoluer les choses et entraîner celles et ceux qui veulent agir dans l’intérêt de la France, de l’Europe et du monde ; de la France en veillant à ce qu’elle soit plus unie, de l’Europe en la fédérant et en la consolidant, du monde en contribuant avec les autres peuples à ce qu’il soit mieux organisé.

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE

*Cet éditorial est également porté sur le site ECP

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