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07/09/2014

POUR UNE DEFENSE EUROPEENNE ET OPERATIONNELLE

Editorial

« Le nationalisme, c’est la guerre ». Cette formule souvent rappelée par un homme d’Etat qui ne mettait pas son drapeau dans sa poche est plus que jamais d’actualité.

Des bruits de bottes se font de nouveau entendre aux confins de cette Europe aux contours incertains.

Des menaces, des provocations, des gesticulations de toutes sortes, au demeurant partagées et toutes aussi irresponsables les unes que les autres, ravivent des tensions, entraînent des haines et maintiennent un climat lourd de conséquences.

Certains vont jusqu’à évoquer un retour au temps de la guerre froide.

Guerre froide ou guerre bien réelle pour certaines populations, un fait est là : la guerre est une nouvelle fois aux portes de l’Europe et force est de constater que l’Union européenne est bien désarmée, au sens propre comme au sens figuré face à une crise qu’elle n’a pas su anticiper ou tout simplement imaginer tant elle était persuadée – à tort bien évidemment - que la guerre relevait désormais du passé et relevait de l’impensable.

C’était à l’évidence sous-estimer la capacité de certains à confondre nationalisme avec patriotisme ? C’était aussi ignorer que les mêmes causes ou des causes voisines produisent souvent des effets du même genre. C’était en même temps accorder peu de crédit à la géopolitique et à l’histoire des peuples et des civilisations.

Des risques majeurs existent ainsi aux frontières de l’Union européenne.

Dans le même temps, le Proche-Orient connaît crises sur crises et le sang coule à flot, en Irak, en Syrie et en Libye notamment. Des fanatiques et terroristes font régner la terreur et menacent tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Les budgets militaires sont en hausse dans la plupart des pays du monde, notamment en Russie, en Chine et aux USA. Tel n’est pas le cas en Europe et en France, pour cause d’austérité et de restrictions budgétaires.

Au printemps dernier lorsque la question du respect ou non de la loi de programmation militaire 2014-2019 était posée et que des interrogations et des inquiétudes formulées ici ou là, y compris par le ministre de la défense, M. Le Drian, et ce, sur fond de malaise au sein de l’armée, le Premier ministre avait fait savoir qu’elle serait « totalement préservée ».

De fait, il était absolument nécessaire de « sanctuariser » comme il est coutumier de dire le budget de la défense au niveau où il avait été fixé à la fin de l’année.

Au-delà de tout esprit polémique il est cependant tout à fait légitime de s’interroger sur la nécessité ou non de faire mieux et de faire plus dans un contexte qui n’est pas caractérisé, c’est le moins que l’on puisse dire, par un esprit de détente et d’harmonie entre les nations, comme il vient d’être dit.

Aujourd’hui, il est absolument nécessaire de prendre conscience des enjeux et de la nature des défis.

En outre, il s’agit à l’évidence d’un domaine - celui de la défense et de la sécurité - dans lequel l’Europe doit s’investir à fond en procédant notamment à une mutualisation de nos dépenses en matière d’armement. Sans défense européenne forte et opérationnelle, il n’y a pas, il n’y aura pas d’Europe puissance, d’Europe souveraine.

 

Gérard-David Desrameaux

19/05/2014

POUR UN APPEL SOLENNEL DES PLUS EMINENTS EUROPHILES

Editorial

Nous sommes désormais à quelques jours des élections européennes qui vont se dérouler du 22 au 25 mai 2014. Et, pourtant, nous ne voyons poindre à l’heure actuelle la moindre ébauche de propositions crédibles permettant de refonder l’Europe, cette Europe critiquée, maltraitée, vilipendée, dénoncée par les europhobes de toujours et par des cohortes d’eurosceptiques qui ne mesurent pas les conséquences dramatiques qu’auraient sur les peuples d’Europe l’abandon même de l’idée de construction européenne.

Une clarification sur le devenir de l’Europe va s’imposer à terme.

Face au déferlement de vagues d’euroscepticisme, les dirigeants ne pourront longtemps encore accepter le statu quo actuel.

Des initiatives devraient venir non pas de ceux qui n’ont pas de mots assez durs à l’encontre de l’Union européenne mais de ceux qui ont toujours été les plus ardents avocats de la construction européenne.

Au risque de mécontenter un peu plus ceux qui ne soutiennent que mollement le projet européen, un appel solennel émanant des principaux dirigeants politiques, économiques, financiers mais aussi d’intellectuels et bien évidemment de chefs d’Etat et de gouvernement, en activité ou non, devrait être lancé en vue de refonder le projet européen et de franchir une étape décisive dans la voie d’une authentique Europe politique.

Cet appel, véritable acte fondateur d’une Europe puissance, d’essence fédérale et dotée des instruments de la souveraineté devrait être adressé à tous ceux, Etats et peuples qui accepteraient de s’engager dans cette voie.

J’ai souvent ici-même exprimé le vœu que d’éminents artisans de la construction européenne sachent transcender leurs clivages et parler d’une même voix  pour lancer un tel appel afin de faire barrage à la déferlante europhobe.

Dans le même sens, le bureau du RCE publiait déjà le 9 mai 2010 un communiqué traduisant le même souhait, ainsi rédigé :

« Le Rassemblement Civique pour l’Europe regrette le silence des politiques et notamment des plus européens d’entre eux alors que la monnaie européenne est attaquée et que l’idée même de construction européenne est une nouvelle fois dénoncée par les eurosceptiques de tous bords qui vont jusqu’à annoncer le décès prochain de l’euro.

Il est urgent et indispensable que des autorités européennes incontestables, des hommes d’Etat, des personnalités politiques, des universitaires,  des philosophes,  des juristes, des  économistes, notamment, qui ont consacré l’essentiel de leur vie à la construction de l’Union européenne, fassent entendre le son de leur voix et lancent un appel solennel en vue de sauver le concept même d’ « Europe Unie » en indiquant la marche à suivre pour franchir une étape décisive.

Le courage politique est aujourd’hui plus que jamais nécessaire. Il y va de l’avenir de l’Europe et du devenir de ses peuples, unis dans la diversité.»

Des voix ont été entendues, des paroles prononcées, des articles rédigés, mais nulle initiative d’importance et concertée engagée.

Quatre ans plus tard, les Européens, non pas béats comme disent les europhobes et les eurosceptiques de toujours, mais les Européens conséquents, appellent des paroles et des actes beaucoup plus forts. Ils attendent un projet mobilisateur et une vision claire de l’avenir qui leur est proposé.

 

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE

14/04/2014

POUR UNE EUROPE SOUVERAINE

Editorial

Dans un précédent livre Pour une Europe puissance, dans un monde plus ordonné publié en 2005 chez le même éditeur, je dénonçais « la collusion de fait entre les souverainistes et les adeptes d’une Europe qui se réduirait à une simple zone de libre échange ».

A travers divers textes qui se voulaient être autant de plaidoyers que de leitmotivs, j’appelais tous les défenseurs de l’Europe puissance à se rassembler en transcendant leurs clivages politiques pour faire avancer ce grand projet.

Dans l’introduction, j’indiquais notamment : « Je crois en une Europe qui oserait s’affirmer en tant que telle, c’est-à-dire en tant qu’Europe puissance, afin de permettre aux Etats, aux nations et aux peuples qui la composent de compter et de ne pas perdre leur rang et leur rôle.

Je crois en une Europe des valeurs, forte, imprégnée d’humanisme, de raison, de la philosophie des lumières et de son héritage culturel, respectueuse tant des droits et des devoirs de l’homme et de la femme, qui sache s’affirmer et s’imposer afin de faire respecter précisément ces valeurs et ces principes pour lesquels des générations entières ont combattu, parfois au sacrifice de nombreuses vies.

Je crois en une Europe unie qui permettrait à chacune des nations qui en ferait partie d’enrayer son inéluctable déclin si d’aventure elles entendaient rester à l’écart de ce projet, de ce grand dessein comme j’ai l’habitude de le désigner. »

Car l’Europe, en effet, est un grand dessein. Sous réserve, évidemment que l’on ne se contente pas  de construire l’Europe des marchands, mais que l’on ait vraiment à cœur de faire celle des citoyens et des peuples d’Europe.

Expliquer, expliquer encore et toujours les raisons de croire en l’avenir de l’Europe en tant que puissance m’a toujours paru être quelque chose  de consubstantielle à notre propre survie en tant que civilisation.

Abandonner une part de souveraineté au niveau de chaque nation, c’est aller vers une souveraineté partagée au niveau européen, c’est accepter l’idée d’une Europe souveraine. Or, une Europe souveraine, c’est permettre aux peuples qui l’habitent de continuer à pouvoir jouer un rôle sur la scène du monde et amplifier l’écho de leurs voix dans le concert des nations.

Dès 1992, je dénonçais une politique d’élargissements prématurés : « Vouloir anticiper là encore les échéances, ne conduirait qu’à provoquer l’écroulement d’un édifice dont on doit d’abord consolider les bases si l’on souhaite qu’il puisse résister aux aléas de l’Histoire. »

L’élargissement de l’Europe ne doit pas être une fin en soi et servir d’alpha et d’oméga au projet européen.

L’Europe est confrontée à une grave crise d’identité. Nous le savons depuis longtemps. En mai 1994, j’indiquais : « L’Europe qu’il s’agit de construire est celle des citoyens et non celle des nationalismes et des tribus.»

Dans le même sens, il m’a toujours paru fondamental pour l’avenir de l’Europe que les femmes et les hommes d’Europe sachent transcender leurs clivages partisans sous peine de rendre impossible la concrétisation de cette grande idée qu’est le concept d’Europe unie.

L’Europe n’est pas qu’un espace géographique. C’est aussi et surtout une histoire et une culture.

De l’antiquité gréco-romaine jusqu’à l’époque contemporaine en passant par la Renaissance, l’Europe a joué un rôle fondamental dans l’émergence d’une civilisation phare et n’a pas cessé d’essaimer idées et projets qui ont fait le tour du monde.

Là où certains raisonnent en termes de parts de marché, il faut que nous raisonnions en termes de civilisation et c’est cette approche qui doit guider nos pas.

Promouvoir une Europe puissance, une Europe souveraine permettra précisément à cette civilisation de rayonner et de se développer.

A l’évidence, tous les Etats de l’Union  ne sont pas prêts à faire le saut qualitatif qu’impose cette approche et cette volonté de franchir un pas décisif. Aussi, est-il urgent qu’une avant-garde, un noyau dur se constitue afin de donner l’impulsion nécessaire. Rien ne serait pire que l’inaction et le sentiment que décidément l’Europe Unie demeure un vœu pieux.

Toujours dans le même sens, j’écrivais en septembre 2003 : «Aussi, le moment est-il sans doute proche où quelques-uns des Etats fondateurs et quelques autres Etats membres de l’Union européenne devront prendre des initiatives fortes afin de donner le jour, au sein de l’Union actuellement en devenir, à cet embryon véritable de l’Europe puissance que nous appelons de nos vœux.»

Avec mes amis du Rassemblement Civique pour l’Europe, club de réflexion et de propositions politiques, j’ai toujours milité et tenté d’œuvrer en faveur d’une Constitution européenne qui aurait pu être, qui aurait dû être l’acte fondateur de cette Europe puissance, de cette Europe souveraine. C’est pourquoi le premier éditorial retenu dans ce livre explicite les raisons de mon choix en faveur du oui lors du référendum relatif au traité constitutionnel de 2005. Les textes suivants constituent autant de plaidoyers et de leitmotivs en faveur de l’émergence d’une Europe souveraine, seule réponse crédible aux thèses des europhobes qui défendent le souverainisme au niveau des seuls Etats et se trompent ainsi de temps et d’époque.

Mis bout à bout et précédés d’un court texte rappelant le contexte dans lequel s’inscrivait chacun de ces textes, ils complètent ceux qui étaient réunis dans Pour une Europe puissance dans un monde plus ordonné et ont la « modeste ambition » de proposer des pistes de réflexion, voire des solutions pour permettre au projet européen de rebondir et de retrouver l’adhésion des peuples.

Puissent les quelques propositions et idées développées tout au long des pages qui suivent alimenter positivement le débat et être relayées par les acteurs du changement au niveau européen, c’est-à-dire bien sûr les dirigeants mais aussi les citoyens.

Puissent-ils aussi constituer autant de réponses de nature à endiguer la montée en puissance  d’europhobes qui ne mesurent pas les effets négatifs que ne manqueraient pas d’entraîner pour chacune des nations d’Europe la mise en œuvre de leurs propres propositions.

 Gérard-David Desrameaux

 * L’auteur reproduit ici l’introduction de son dernier livre : Pour une Europe souveraine, Ecrits et plaidoyers.

Dans le même sens, il en reproduira prochainement la conclusion.