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22/08/2011

CRISE DE LA DETTE : REFORME,RIGUEUR,EQUITE

 Editorial

 

Depuis la faillite de la banque « Lehman Brothers » et la crise financière de 2008, l’économie mondiale n’a pas cessé de vivre dangereusement au bord d’un précipice redoutable.

Hier, le doute portait sur les banques. Désormais, il porte sur les Etats. La crise ne cesse de se développer et chaque jour apporte son lot de nouvelles alarmistes mettant les marchés, les opérateurs, les agences de notation, les spéculateurs, en d'autres termes, tous ces nouveaux dieux de la scène mondiale dans un état de transe, aggravant ainsi la crise, compromettant, ce faisant, la consommation, le financement des entreprises, autrement dit, la reprise.

Or, face à cela, les Etats semblent particulièrement démunis. On l’a vu hier aux Etats-Unis avant et après l’annonce de la dépréciation de la note de cette puissance par l’agence Standard & Poor’s. De même, on constate, aujourd’hui, une certaine impuissance de la zone euro à trouver une solution acceptable par tous les Etats.

Paris et Berlin viennent de faire savoir qu’ils ne sont pas favorables à la mutualisation des dettes européennes. L’idée souvent émise au cours des derniers mois de créer des « eurobonds », la chancelière, Mme Merkel, s’y montrant depuis le début hostile,  n’est certes plus totalement exclue mais n’apparaît  comme étant possible aux yeux des dirigeants français et allemands actuels qu’au terme d’un long processus d’intégration et d’harmonisation des politiques de l’ensemble de la zone euro.

Faut-il y voir un signe de bon sens ou plutôt un signe d’absence de volonté politique et d’engagement fort de la part de ces deux pays dans un projet sérieux, crédible de construction européenne ? La question mérite assurément d’être posée.

Le Fonds de stabilisation financière (FSF) est certes une excellente initiative mais il y a urgence et il est nécessaire d’accélérer sa mise en place et de le doter de moyens nettement supérieurs eu égard à sa mission et en l’absence regrettable, à mon sens, d’ « eurobonds » (d’euro-obligations) dont la création aurait été un signal fort, en l’entourant bien évidemment de conditions strictes imposées aux Etats emprunteurs.

L’idée de taxer les transactions financières est une autre bonne idée, mais au-delà des intentions, il faut désormais passer aux actes et accélérer le processus.

Evoquer une gouvernance économique de la zone euro, autre idée que nous défendons depuis des années est une autre bonne idée mais elle ne saurait se limiter en tout et pour tout à deux réunions annuelles des chefs d’Etat et de gouvernement sous la présidence du conseil européen, M. Von Rompuy. Ce serait dérisoire et dépourvu de toute efficacité alors qu’il faut anticiper et être particulièrement  réactif.

Aujourd’hui, les Etats sont, me semble-t-il, en droit d’exiger du secteur privé et notamment bancaire plus de bienveillance et de coopération.

Il est temps, en effet, que la politique fasse prévaloir  son autorité sur celle des seuls marchés dont le pouvoir ne saurait être absolu sans porter gravement atteinte au concept d’intérêt général et tout simplement à l’autorité des Etats.

Les manifestations contre les inégalités sociales s’étendent dans nombre de démocraties. Des indignés se font entendre en Grèce, en Espagne, en Italie, en Israël.  Après le printemps arabe connaîtrons-nous un automne des démocraties occidentales ?

Les plans de rigueur, l’absence d’espoir et le sentiment que l’injustice progresse sont autant d’éléments qui sont de nature à dégrader le climat social et au-delà la stabilité de nombre de pouvoirs. Les pouvoirs publics, précisément, seraient bien inspirés d’en tenir compte.

Il ne saurait y avoir de solution permettant une authentique sortie de crise sans que ne soit pris en considération des notions d’équité et de juste répartition dans l’effort demandé à tous et à chacun dans le cadre des plans de rigueur élaborés ou en voie de l’être.

L’injustice, non seulement ressentie mais vécue, interpelle tous les dirigeants au-delà de leurs sensibilités politiques.

L’équité et la recherche d’un certain équilibre doivent être au centre de la question de l’effort qui sera demandé à l’ensemble des peuples, victimes de la dette.

On ne pourra, en effet, demander des efforts supplémentaires en l’absence de signes forts prouvant que la charge du fardeau est équitablement répartie entre ceux qui peuvent le plus et ceux qui peuvent le moins. Mais il faut ajouter et insister sur le fait que même cette recherche d’équité s’avèrerait vaine et donnerait l’impression que l’on remplit un puits sans fond si l’on ne procédait pas dans le même temps à une refonte en profondeur d’un système économique, monétaire et financier qui a montré ses limites et les conséquences dramatiques qu’il peut engendrer pour les Etats comme pour les particuliers.

Réforme, rigueur et équité doivent être les mots clés des temps qui viennent.

C’est à ce prix et à ce prix seulement que les hommes politiques ayant le sens de l’Etat pourront en appeler à la sueur, au sang et aux larmes à l’instar d’un certain Sir Winston Churchill !

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE

19/07/2011

DES VOIX SE FONT ENTENDRE POUR SORTIR DE LA CRISE

 

Editorial

 La crise de la dette ou des dettes, dite à tort crise de l’euro, commande une nécessaire solidarité entre les Etats membres de l’Union. Il est tout à fait impératif  d’emprunter les voies de la raison et ne pas céder aux sirènes du renoncement pour les uns et au reniement pour les autres.

L’Europe ne saurait être sacrifiée sur l’autel des marchés, de la spéculation et abandonnée entre les mains d’aventuriers pour qui le devenir de notre continent semble être le dernier de leurs soucis.

Une solution peut être dégagée qui fera appel à l’intelligence, au bon sens et aux intérêts légitimes des uns et des autres, c’est-à-dire à la fois aux emprunteurs et aux prêteurs, aux établissements financiers et aux contribuables, aux Etats et aux peuples.

Quelques enseignements doivent être tirés d’ores et déjà de la crise à laquelle nous sommes confrontés depuis déjà quelques années si l’on tient compte de ses prémices.

Des erreurs ont été commises. Trop de laxisme a conduit certains (Etats, institutions financières, individus) à ne pas respecter un minimum de règles communes, alors qu’il convenait dès le départ, dès la création d’une monnaie unique de se doter des moyens nécessaires à la mise en œuvre d’une politique commune et à tout le moins de politiques convergentes.

Les solutions passent, en effet, par un renforcement de ce que l’on peut qualifier de « fédéralisme économique » au sein de la zone euro. Une politique monétaire appelle une authentique « gouvernance économique » au niveau de cette zone, en l’absence d’un gouvernement européen dont il faudra bien que se dote un jour cet ensemble quand il apparaîtra que les temps sont venus pour aborder une phase nouvelle et décisive de la construction européenne.

On ne peut à cet égard que saluer une série de déclarations, propos et tribunes allant dans ce sens. Je fais ici allusion à des propos récents de MM. Trichet et Juncker et plus récemment à une tribune publiée dans le journal Le Monde, intitulée « Une vision claire pour l’euro » afin qu’il sorte renforcé de cette crise, par MM. Jacques Delors, Felipe Gonzalez, Romano Prodi, Etienne Davignon et Antonio Vitorino, tous éminents européens ayant concouru à la construction de l’Union au cours des précédentes décennies dans la lignée des pères fondateurs.

Cela répond tout à fait à notre attente et au souhait souvent exprimé ici.

Je rappelle que dans un communiqué du 9 mai 2010, le bureau du RCE, regrettant le silence des politiques, notamment des plus européens d’entre eux, alors que la monnaie européenne était attaquée et que l’idée même de construction européenne était une nouvelle fois dénoncée par les eurosceptiques de tous bords, indiquait :

« Il est urgent et indispensable que des autorités européennes incontestables, des hommes d’Etat, des personnalités politiques, des universitaires, des philosophes, des juristes, des économistes, notamment, qui ont consacré l’essentiel de leur vie à la construction de l’union européenne, fassent entendre  le son de leur voix et lancent un appel solennel en vue de sauver le concept même d’ « Europe Unie » en indiquant la marche à suivre pour franchir une étape décisive. »

A l’instar des appels lancés par les personnalités précitées, puissent d’autres Européens convaincus et surtout acteurs majeurs de la construction européenne, transcendant leurs divergences, leurs origines et leurs sensibilités, faire entendre le son de leur voix et ne pas baisser la garde. Puissent aussi les candidats à l’élection présidentielle attachés à cette construction élever le ton et faire preuve d’audace.

J’indiquais récemment que l’Union devait se doter des instruments de la puissance. Aujourd’hui, le temps presse. Le salut passe par cette prise de conscience. Franchissons les pas décisifs qui permettront d’installer dans la durée cette entité, l’Europe, comme première puissance économique du Monde.

 Certes, pour y parvenir,  des efforts devront être consentis par les uns et les autres. Une certaine rigueur sera nécessaire mais elle suppose que l’équité l’accompagne et que les efforts imposés aux peuples et aux Etats soient étalés dans le temps et partagés par les établissements financiers afin d’éviter aux uns comme aux autres qu’ils ne périssent guéris.

 

Gérard-David Desrameaux

Président fondateur du RCE

 

05/06/2011

L'EUROPE FACE A L'IMMIGRATION

Editorial

 Les Gouvernements d’Europe réagissent face au délicat problème de l’immigration, chaque Etat le faisant à sa façon. Or c’est au niveau européen, là-encore, que doit être définie une authentique politique d’immigration qui tienne à la fois compte des intérêts de l’Europe en tant que grande puissance souveraine et des légitimes aspirations de femmes et d’hommes qui fondent leurs espérances dans un Eldorado qui n’est sans doute plus tout à fait aussi réel que ce qu’il a pu être en d’autres temps et ce, eu égard notamment à la situation économique et financière des divers Etats composant l’Union européenne.

S’agissant de l’immigration, il convient de tenir un discours qui soit à la fois responsable et respectueux de la personne humaine.

Dans le même temps, il faut faire preuve de lucidité et de réalisme.

Nous avons tous en mémoire la phrase prononcée par Michel Rocard : « La France n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde ». Cette phrase peut s’appliquer à chacun des Etats de l’Union.

Si nous voulons combattre la montée en puissance de ce populisme qui se développe et s’affirme aujourd’hui à l’intérieur de l’ensemble ou presque des Etats de l’Union, il faut nous garder de tout angélisme et de tout discours susceptibles l’un et l’autre d’entretenir des chimères et de conforter la thèse selon laquelle les Etats et L’Union  seraient dessaisis de toute autorité  et de tout pouvoir sur les flux migratoires.

 Certes, l’Europe se doit d’être accueillante et généreuse mais dans le cadre de limites qu’elle doit être à même de fixer afin de veiller à ce que l’avenir de l’ensemble de l’Union puisse se développer dans un cadre harmonieux et défini collectivement par l’ensemble des Etats de l’Union. Ces derniers ne peuvent agir séparément, dans ce domaine comme dans bien d’autres, sans prendre le risque de voir peu à peu se déliter cet édifice encore fragile : l’Union européenne.

Les ultra-libéraux, à l’instar de certains militants d’extrême gauche, prônent une immigration massive, souhaitant que l’Europe ouvre largement ses frontières. Ce faisant, ils font preuve d’une irresponsabilité coupable car ils ne pensent pas l’« Europe » en termes de projet politique, de lieu de civilisation, en espace harmonieux de peuples unis dans leur diversité pour vivre un destin commun dans le respect de valeurs partagées.

Toute irresponsabilité en matière d’immigration et toute démesure ne peuvent que faire le lit des extrémismes quels qu’ils soient et porter préjudice aux femmes et hommes qui aspirent souvent pour des causes tout à fait légitimes à immigrer.

Il est donc urgent pour les peuples d’Europe d’harmoniser leurs politiques en matière d’immigration et d’engager une audacieuse politique permettant de tarir à sa source les flux migratoires incontrôlés par des aides permettant le développement économique des principaux pays pourvoyeurs d’immigrés.

Il est tout aussi urgent de s’interdire toute surenchère sur un tel sujet qui doit être traité avec sérieux et discernement car il concerne, d’un côté, le destin de millions de femmes et d’hommes et, de l’autre côté, l’avenir d’une Union européenne encore chancelante sur ses bases qui doivent être consolidées.

 Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE.