Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/07/2010

Pour un authentique gouvernement économique de l'Europe

Editorial

Paris et Berlin ont exprimé au début du mois de juin 2010 leur volonté d’accélérer la régulation des marchés et préconisé la possibilité « d’une interdiction au niveau européen des ventes à découvert à nu de toutes ou de certaines actions et obligations ».

La chancelière Angela Merkel a également, semble-t-il, finalement accepté le principe d’un gouvernement économique fort, insistant sur le fait que « c’est seulement ainsi que l’Europe repartira de l’avant ».

 Certes, on peut s’étonner que ce « gouvernement économique » ou tout au moins ce qui s’en rapproche se fasse à vingt-sept et non à seize.

 La thèse allemande peut se comprendre à certains égards mais, à l’évidence, il est souhaitable qu’à l’avenir on s’oriente vers une gouvernance, c’est le mot désormais utilisé, plus stricte entre membres de la zone euro car c’est bien à ce niveau, c’est-à-dire entre des Etats qui ont fait le choix en toute connaissance de cause d’une monnaie unique qu’il importe de coordonner et d’harmoniser au maximum les politiques économiques, financières, fiscales et sociales. Le succès de l’entreprise commune étant à ce prix.

 Il est donc illusoire de penser qu’il ne faudra pas à court ou moyen terme reprendre le débat institutionnel et créer les structures et institutions qui permettront d’aller de l’avant non seulement au niveau des discours, des proclamations solennelles et des intentions rendues publiques mais aussi au niveau des actes et des réalisations concrètes.

 Il faut cependant être conscient que ce clivage révèle une approche différente de ce que devrait être la politique économique commune de l’Europe. Au-delà des mots « gouvernance économique » ou « gouvernement économique », les enjeux sont bien réels, car dans la première hypothèse il n’y aurait pas véritablement de transfert de souveraineté alors qu’il en irait autrement dans l’hypothèse inverse.

 Après les péripéties, pour ne pas dire plus, qui ont vu le jour à l’occasion du débat sur le traité constitutionnel puis à l’occasion de celui portant sur le traité de Lisbonne on peut comprendre les raisons qui ont conduit la chancelière allemande et le président de la République française à opter pour  le choix d’un  compromis afin de ne pas raviver dans le contexte actuel et dans l’urgence une polémique stérile qui ne servirait les intérêts d’aucune des parties en présence et hypothèquerait surtout l’avenir même de l’Europe, c’est-à-dire notre avenir.

Tôt ou tard, il faudra cependant créer un pouvoir politique au sein de la zone euro car la vraie souveraineté s’exprimera à travers non seulement une zone monétaire mais aussi à travers une union politique bien réelle et dotée de pouvoirs d’essence fédérale. A cet égard, il serait temps de rappeler à celles et ceux qui ironisent sur l’utopie supposée de ceux qui préconisent une construction fédérale que le fédéralisme aurait au moins l’avantage de consolider une démarche démocratique en faisant davantage entendre la voix des peuples des Etats-nations fédérés dans un ensemble définissant mieux les pouvoirs de chaque entité : l’Union, l’Etat, la région et en tenant davantage compte des équilibres démographiques.

On a dit que l’Europe était à la croisée des chemins. On annonce régulièrement la mort de l’euro. On dénonce la faiblesse de l’Europe. On vilipende son impuissance à exister. On n’a jamais de mots assez durs pour  la fustiger et pour critiquer les plus ardents défenseurs de la construction européenne.

 On oublie simplement  ou on feint d’oublier que ceux qui, aujourd’hui, ont en charge de « faire l’Europe » ne sont peut-être pas aussi acquis à l’idée de bâtir cette entité que la génération précédente et que le modèle qu’ils mettent en place privilégie trop souvent l’aspect commerce et libre concurrence alors que les peuples d’Europe sont en attente d’un projet mettant davantage en avant la solidarité, la citoyenneté et la sécurité, en d’autres termes d’un projet de société fondé sur des valeurs, sur l’humanisme et une volonté de vivre ensemble un destin partagé dans le respect de règles communes et librement consenties.

 Plus que jamais, il est urgent de redéfinir un projet européen viable pour les générations qui viennent. L’entreprise est immense. Les peuples d’Europe doivent faire entendre leur voix et faire preuve de discernement s’ils veulent sauver ce grand dessein élaboré au milieu du vingtième-siècle par des femmes et des hommes qui avaient pris conscience des enjeux  et des défis des  temps qui venaient.

 L’incapacité de nombre de dirigeants à concevoir l’avenir et à anticiper demain est aujourd’hui manifeste. Un sursaut souvent demandé dans ces colonnes s’impose d’autant plus que le temps presse et que des puissances hostiles à la construction européenne sont en marche au sens figuré comme au sens propre.

 Gérard-David Desrameaux

 Président-fondateur du RCE

17:27 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0)

09/05/2010

L'EUROPE EST VICTIME D'UNE ABSENCE DE VOLONTE POLITIQUE

Editorial

 

            L’Europe, hier si souvent invoquée, honorée, exaltée, est aujourd’hui menacée et attaquée dans son essence même. Elle paraît désormais délaissée et exposée aux critiques de tous ceux qui la pourfendent et l’invectivent depuis longtemps.

 

De l’europessimisme et de l’euroscepticisme, certains voudraient nous conduire à faire le constat du décès du projet européen et à prononcer l’oraison funèbre d’un projet-mort-né, sans doute trop beau et trop grand, pour qu’il puisse s’édifier là, sous nos yeux, en ces temps de crises, d’incertitudes et en l’absence de repères clairs et précis sur l’avenir de nos civilisations et de l’Humanité.

 

L’Europe est donc attaquée. Elle se défend, comme elle le peut, hélas souvent mal. Elle réagit parfois à contretemps, masquant ses contradictions tout en laissant apparaître ses approches et ses visions qui diffèrent d’un Etat à l’autre.

 

Ses détracteurs en déduisent que l’Europe est incapable de résoudre les problèmes auxquels elle est confrontée, oubliant une fois de plus que c’est précisément, comme il a déjà été dit en maintes occasions, non pas de trop d’Europe dont nous souffrons mais d’une insuffisance d’Europe.

 

L’Europe souffre et subit. L’absence de foi et de convictions européennes profondes chez nombre des dirigeants des différents Etats qui la composent ne lui a pas permis de disposer, en effet,  d’institutions suffisamment efficaces et d’outils lui permettant de faire face et d’avoir la réactivité nécessaire.

 

C’est d’une absence de volonté politique de ses principaux dirigeants dont l’Europe est aujourd’hui victime.

 

Face aux attaques des marchés et des spéculateurs, l’Europe doit aujourd’hui prouver qu’elle est en mesure de dresser une digue solide, une digue politique contre laquelle les flots et les vagues de la spéculation internationale viendront se briser avant de refluer.

 

Au-delà de l’image ainsi esquissée, il faut insister dans le sens de ce que nous répétons ici inlassablement, à savoir que  l’Union européenne doit se ressaisir et créer les conditions d’un nouveau départ vers un horizon plus serein : créer les structures adaptées à l’émergence d’une Europe puissance, c’est-à-dire, dotée des instruments de la souveraineté.

 

Nous n’y parviendrons que si les gouvernants d’Europe, après avoir pris conscience des enjeux et de leurs responsabilités devant l’Histoire, prennent les initiatives qui s’imposent pour assurer le succès de l’entreprise commune. Ce succès passe nécessairement, nous le savons tous, par la définition d’objectifs clairement identifiés, par une discipline commune, une harmonisation des politiques économiques, fiscales, budgétaires et monétaires sans lesquelles il est illusoire de prétendre assurer le succès d’une monnaie unique face aux assauts répétés des spéculateurs et des marchés financiers.

 

Assurer la stabilité de la zone euro, revenir à des critères précis, acceptés et respectés par tous sous peine de sanctions et de pénalités, paraît être le minimum dans un premier temps, à défaut d’une gouvernance économique qui s’imposera de toute façon à court ou moyen terme.

 

            En tout état de cause, les événements actuels confirment, pour ceux qui auraient pu en douter, que nos avertissements lancés il y a des années déjà,  étaient justifiés quand nous indiquions qu’avant d’élargir il fallait approfondir.

 

A l’évidence, l’Europe a été trop souvent « pensée » en termes de conquêtes de nouvelles parts de marchés et de la recherche à court terme de profits et pas suffisamment avec l’idée de conforter une civilisation  en  fortifiant chez les peuples qui la composent le sentiment d’appartenir à une même communauté de destin appelée Europe.

 

Gérard-David Desrameaux

            Président-fondateur du RCE

 

18:20 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0)

06/06/2009

L'avenir de l'Europe

 

 

Le vrai débat sur l'avenir de l'Europe débutera au soir de l'élection du 7 juin 2009.

Je m’explique :

L’Europe a été trop souvent absente du débat politique engagé à l’occasion des élections européennes et ce, en France comme à l’étranger. Le phénomène n’est hélas pas nouveau et j’ai déjà eu l’occasion de le dénoncer en maintes occasions dans le passé, notamment en 2004 et en 1999.

Une fois de plus, des considérations trop souvent politiciennes et purement partisanes ont été omniprésentes durant cette campagne.

Une fois de plus, les repères sont brouillés et le flou artistique a dominé cette période.

 

Le plus petit dénominateur commun a été retenu chez les partisans de toujours de la construction européenne qui ont préféré opter pour un profil bas.

Sans doute fallait-il ne pas heurter les partisans du non au référendum et effaroucher les eurosceptiques !

Dès lors, le discours est devenu lisse, sinon inaudible, car les différences entre les uns et les autres s’estompaient et cessaient d’apparaître au grand jour, les uns et les autres invoquant l’Europe sans préciser de quelle Europe il s’agissait.

C’est ainsi que l’on parla d’Europe plus sociale, c’est assurément souhaitable, mais on ne dira rien sur les moyens et méthodes pour y parvenir !

C’est ainsi également que  l’on parla d’Europe plus respectueuse de l’environnement et là encore c’est infiniment souhaitable, mais on ne dira rien  non plus sur la manière d’atteindre cet objectif !

C’est ainsi encore que l’on parla de plan européen pour sauver l’économie de l’ensemble des pays qui appartiennent à l’Union mais cela ressemble presque à des vœux pieux dès lors que l’on ne dit rien sur la nature de l’Europe que l’on veut construire : Europe puissance d’essence fédérale ou simple zone économique et commerciale,  sur son identité ou sur ses identités, sur ses frontières et donc ses limites, sur ses valeurs et le message que  cette Europe doit porter sur la scène du monde.

 

Bientôt viendra l’heure des bilans et il faudra alors s’engager fermement.

J’ai toujours dit que l’Europe, la construction de l’Europe était un grand dessein. Plus que jamais, il lui faut des avocats et d’ardents défenseurs animés par une passion commune : faire naître dans le cœur des peuples d’Europe un sentiment d’appartenance à une communauté de destin et promis à un avenir commun.

 

Mais il va falloir que les authentiques Européens apprennent à débattre avec sérieux et sérénité loin des vaines polémiques et des petites phrases assassines car la grande ambition d’une Europe puissance, c’est-à-dire dotée des prérogatives de la souveraineté,  ne pourra se concrétiser si les calculs des uns s’ajoutent aux arrière-pensées des autres.

 

Il ne faut pas assassiner cette grande idée : donner le jour à une puissance nouvelle qui sera capable de tenir sa place et son rang sur la scène du monde face aux autres grandes puissances qui demain s’exprimeront et régiront l’avenir du monde y compris le nôtre, nous peuples d’Europe, si nous ne sommes pas en mesure de taire nos divisions et de surmonter nos réticences.

 

C’est désormais à chaque citoyen d’Europe qu’il incombe de s’exprimer et d’œuvrer au renforcement des pouvoirs du Parlement européen pour que celui-ci puisse chaque jour davantage exprimer la volonté des peuples d’Europe et ce faisant, faire vivre une authentique démocratie européenne.

Plus que jamais nous devons œuvrer à l’affirmation d’une Europe puissance d’essence fédérale qui pourrait être le « noyau dur », l’avant-garde si l’on préfère, d’une Union européenne profondément repensée.

Mais il va falloir faire œuvre pédagogique et ne pas se tromper d’adversaires.

 

Aux citoyens d’Europe j’ai envie de dire ce soir : Prenez votre destin en mains et exigez des institutions européennes qui soient en mesure de prendre en considération  vos aspirations.

Viendra bientôt l’heure où, j’en suis persuadé, le projet européen passionnera les électeurs de tous nos pays. Cette heure viendra dès que les citoyens de l’Union auront pris conscience de leur pouvoir et les hommes politiques de leur devoir face à l’Histoire.

 

       Gérard-David Desrameaux

 

 

22:39 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0)