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09/07/2015

Europe : attention, danger !

 

Editorial

 

Ne biaisons pas, l’heure est grave et le temps presse car des forces centrifuges sont à l’œuvre. Cessons d’être des candides, en ce domaine comme en beaucoup d’autres.

Le projet européen serait menacé si les dirigeants européens tergiversaient longtemps encore et donnaient l’impression d’hésiter et d’être incapables d’opérer un choix clair et pérenne quant à l’avenir de la Grèce au sein de la zone euro, voire au sein de l’Union européenne. Il en serait de même si les dirigeants grecs donnaient de leur côté l’impression de louvoyer en jouant sur les nerfs des autres dirigeants et peuples européens.

A l’Elysée, le mardi 6 juillet 2015, le président de la République a mis l’accent sur les notions de responsabilité et de solidarité. A l’évidence, c’est autour de ces valeurs que peut et doit se dessiner l’avenir de l’Europe, d’une Europe ambitieuse et fidèle au message dont elle doit continuer à être porteuse.

Le regard que l’on porte sur la dette doit-il être uniquement de nature économique ou ne doit-il pas être également de nature  politique ?

N’oublions jamais que dans notre esprit l’Europe doit être d’abord un projet politique avant d’être une simple construction économique et commerciale même si c’est sous cette forme qu’elle est encore le plus souvent perçue par nombre d’Européens.

Au cours des dernières années, la charge de la dette grecque a été déjà allégée, les banques privées ayant notamment accepté d’abandonner plus de 100 milliards d’euros et les taux des intérêts des emprunts ayant été diminués. De fait, la Grèce avait réussi à la fin de l’année 2014 à dégager un léger excédent primaire.  Pour autant, la dette grecque s’établit aujourd’hui à environ 325 milliards d’euros, soit plus de 175% de son PIB. Dans ces conditions, quid de nouveaux efforts demandés tant au peuple grec qu’aux autres Européens par le biais ici de nouveaux plans d’austérité et là par l’octroi de nouveaux prêts ? Certains, en effet, ont le sentiment d’un puits sans fond et d’autres, souvent les mêmes, évoquent le tonneau des Danaïdes, ce qui revient au même.

C’est une question de visibilité, de crédibilité et de dignité a également déclaré le Chef de l’Etat en recevant mardi dernier Madame Merkel à l’Elysée.

Nous devons accepter l’idée d’une souveraineté partagée, ce qui implique précisément pour les peuples d’Europe d’accepter les nécessaires convergences et de faire naître de légitimes compromis. En vérité, ce sont des impératifs géopolitiques et géostratégiques qui doivent guider nos pas. C’est l’intérêt de la Grèce, c’est l’intérêt de la France, c’est l’intérêt de l’Europe de trouver une solution à la crise actuelle.

Trop d’incertitudes planent au-dessus de la zone euro. Il ne faudrait pas que des exigences inconsidérées finissent par annihiler l’existence même de l’euro.

Les sommets de la dernière chance se succèdent et concourent à éloigner les citoyens lambda de l’Europe à se détourner du concept européen.

L’Europe politique seule permettra la mise en place d’un authentique gouvernement économique de la zone euro, comme nous le préconisons depuis des années, et c'est ainsi  que l’on sortira par le haut de la crise dans laquelle l’Europe s’enfonce.

 Trop d’apprentis sorciers, aux deux extrémités de l’échiquier politique,  se réjouissent en espérant que le projet européen se délitera dès lors que la Grèce sortirait de la zone euro. Nous n’avons pas le droit  de nous tromper et de leur donner raison. Un sursaut s’impose. Un nouveau départ est nécessaire. Puissent les gouvernements d’Europe faire preuve de responsabilité et comprendre que l’Europe est le dernier rempart face à la montée des nationalismes et des replis identitaires. Ils doivent à cet égard faire oeuvre de plus de discernement et hiérarchiser les problèmes en ayant une approche géostratégique, historique, culturelle et disons-le politique. Les enjeux, au-delà des chiffres, certes impressionnants, sont considérables au regard du message que nous pouvons et devons adresser au monde.

Gérard-David Desrameaux

10/06/2015

L'avenir des relations entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne

Editorial

Le 7 mai 2015, les Britanniques ont procédé à l’élection des 650 députés composant la Chambre des Communes. A la faveur de ce scrutin, M. David Cameron a obtenu 331 sièges, soit plus que la majorité absolue fixée à 326.

Ces résultats ont dans l’ensemble surpris nombre d’observateurs qui, sur la base de sondages, pronostiquaient un coude à coude avec le Labour (parti travailliste), sous-estimant sans doute la possibilité de faire un pronostic fiable dans le cadre d’une part, d’un mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour et, d’autre part, dans le contexte actuel de la Grande-Bretagne. Ce contexte se caractérisant par l’apparition d’un pluralisme d’un genre nouveau lié à la montée en puissance de forces centrifuges, c’est le cas notamment des indépendantistes écossais, et des europhobes de l’UKIP ainsi que de la frange la plus extrémiste du parti conservateur.

Bien que minoritaire en voix, c’est le propre de ce mode de scrutin, ce dernier parti détient donc une représentation lui permettant de gouverner sans être obligé de faire une coalition avec une autre force politique.

Pour autant, au-delà d’une majorité apparemment cohérente et homogène, un seul parti exerçant le pouvoir, il est permis de s’interroger sur les conséquences de ces élections non seulement quant à l’avenir de la Grande-Bretagne mais aussi quant à l’avenir de la Grande-Bretagne au sein même de l’Union européenne.

Des interrogations demeurent, à cet égard, quant aux intentions réelles du gouvernement britannique dans sa volonté  de quitter ou non l’Union. Certes, tout en confirmant à plusieurs reprises, et en dernier lieu le 27 mai dernier, son intention de provoquer un référendum sur le maintien ou non de son pays dans l’Union, le Premier ministre britannique a souvent assuré qu’il ferait campagne pour son maintien dans l’Union s’il réussissait à négocier une réforme du fonctionnement de celle-ci.

Trois électeurs britanniques sur quatre approuvent la promesse du Premier ministre d’organiser un tel référendum, même si le choix du corps électoral semble encore incertain. A l’évidence, il apparaît que les conservateurs, hier europhiles, paraissent être davantage eurosceptiques voire franchement europhobes.

M. Cameron a hélas sans doute contribué à cette regrettable évolution  du fait de ses surenchères et excès tendant à endiguer la montée en puissance de l’UKIP de M. Nigel Farage. Ainsi, l’accent a-t-il été souvent mis sur les aspects négatifs et non sur les avantages résultant de l’appartenance à l’Union. Il en est hélas souvent de même dans nombre d’autres pays de l’Union y compris et surtout en France.

Ce faisant, c’est la thèse des plus fervents adversaires de la construction européenne qui progresse un peu partout au sein de l’Union européenne. D’autres élections, en Grèce, en Finlande, en Pologne, en France, en Italie, mais on pourrait poursuivre la liste, traduisent la montée en puissance de forts courants populistes, xénophobes et eurosceptiques.

S’agissant de la Grande-Bretagne, on relèvera un paradoxe. En effet, face à la volonté de nombre de Britanniques de quitter l’Union européenne on observe en revanche que les Ecossais, s’ils manifestent de fortes velléités de s’émanciper du Royaume-Uni, entendent pour leur part demeurer au sein de l’Union au même titre d’ailleurs que les milieux d’affaires de la City.

Il est permis aujourd’hui de s’interroger et à certains égards de s’inquiéter sur ce que d’aucuns qualifient désormais de « Brexit » (sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne). Les Britanniques et les autres membres de l’Union européenne doivent prendre l’exacte mesure des conséquences que pourrait engendrer un tel départ et l’effet d’entraînement qu’il pourrait exercer. Il serait dramatique de  détricoter la construction européenne, opération complexe mais salutaire. Aussi, sans doute faut-il saisir l’opportunité de la phase annoncée de négociations  entre la Grande-Bretagne et ses partenaires pour refonder un projet crédible autour d’une Europe à deux vitesses dont l’idée souvent défendue ici même semble désormais recueillir l’assentiment de plus en plus d’artisans et de partisans de la construction européenne.

En tout état de cause, il convient de s’attacher à ne rien faire qui puisse opposer davantage la Grande-Bretagne au reste de l’Union, même s’il faut mettre l’accent sur le respect de règles communes. Le destin de la Grande-Bretagne est dans l’Union, dans une Union rénovée et non à l’extérieur.

 

Gérard-David Desrameaux

28/04/2015

"Le ministérialisme", cette maladie infantile

 

Le « ministérialisme », dans sa forme moderne, cette maladie infantile de ceux qui concourent au discrédit de la politique se répand à une vitesse incroyable dans notre pays.

« Faut-il ou non entrer au gouvernement ? » Telle paraît être la question « existentielle » que semblent se poser quelques élus qui ne représentent souvent qu’eux-mêmes.

Ces élus – ils se reconnaîtront aisément – jouent un jeu particulièrement dangereux. Ont-ils conscience qu’ils donnent de la politique la pire image qui soit, celle d’une comédie qui pourrait évoluer vers une mauvaise farce avant de sombrer dans une tragédie ?

Il est évident que la pression exercée par certains, impliquant une inflexion de la politique, conduirait à donner l’impression, si elle était suivie d’effet, de revenir aux méthodes et comportements les plus décriés à juste titre de feu la IVe République.

Ce n’est pas ainsi que l’on réconciliera les Français avec la politique à un moment où celle-ci est dénoncée, au demeurant plus que de raison.

Les petites luttes intestines, les débauchages individuels de quelques seconds couteaux en mal de notoriété, les jeux stériles d’appareils souvent déconnectés du monde réel et au sein desquels les règles élémentaires de la démocratie prônées à l’extérieur sont souvent méconnues, donnent de la politique une représentation politicienne qui nuit à l’essence même du politique.

Oui, assurément, le  « ministérialisme » dans son acception contemporaine est bien un danger pour la démocratie, un cancer pour la politique.

 Gérard-David Desrameaux