07/11/2010
A PROPOS DE : L'avenir de la Belgique
Plusieurs mois après les élections qui ont eu lieu en Belgique, la question est désormais posée : un gouvernement fédéral peut-il encore voir le jour et surtout avoir des chances sérieuses de mettre en œuvre une politique susceptible de répondre aux aspirations apparemment contradictoires des différentes communautés linguistiques ?
Le fait même que cette question puisse être posée alors que Bruxelles, siège de plusieurs institutions européennes, assume aujourd’hui la présidence de l’Union, traduit la profondeur du malaise européen et le recul de l’idée même d’Europe.
Il s’agit-là d’un contre-exemple de ce qui devrait être fait au sein de l’Union et cela devrait nous inciter à avoir une réflexion plus poussée sur l’avenir de nos institutions communes et les moyens permettant de surmonter les obstacles encore nombreux qui se dressent sur la route d’une « Europe unie ».
Que penser de cette évolution centrifuge qui ne peut être que de mauvais augure pour l’avenir de la communauté de destin à laquelle les peuples d’Europe aspirent, sans doute plus qu’il n’y paraît, et sans doute plus encore que certains de leurs dirigeants, dont les ambitions nationales les conduisent à adopter un profil bas et à mettre leur drapeau dans leur poche, pensant devoir aller dans le sens du vent à défaut d’aller dans celui de l’Histoire ?
Gérard-David Desrameaux
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23/10/2010
LA MONTEE DE L'EXTREME DROITE EN EUROPE
Editorial
Le 19 septembre 2010, les populistes font leur entrée au Parlement suédois. Le 10 octobre 2010, l’extrême droite obtient en Autriche, dans le cadre d’élections provinciales, 27% des voix.
L’extrémisme de droite progresse parallèlement aux Pays-Bas où un contrat de majorité est établi entre les libéraux et les chrétiens-démocrates, d’une part, et Geert Wilders, le leader d’extrême droite, d’autre part. Il en est de même au Danemark, en Norvège, en Hongrie. En Italie, la Ligue du Nord gouverne avec Silvio Berlusconi.
Ainsi, la montée de l’extrême droite liée souvent à une vague d’islamophobie se développe depuis plusieurs années dans la plupart des Etats de l’Union européenne.
On ne peut s’en satisfaire et admettre cette évolution sans réagir. On ne peut cependant se contenter de dénoncer ces faits sans s’interroger sur l’existence de causes profondes qui ont favorisé l’émergence de phénomènes aussi graves et aussi répandus puisqu’ils se développent comme nous venons de le rappeler dans nombre de démocraties européennes.
En vérité, les causes et les remèdes susceptibles d’endiguer ce phénomène se confondent et je voudrais ici, sans procéder à une hiérarchisation, énoncer un certain nombre de règles et de principes fondamentaux qui devraient permettre de combattre efficacement ce phénomène dangereux pour l’avenir de l’Union et de ses fondements démocratiques.
Assurer effectivement la sécurité de tous et de chacun afin que l’on ne puisse plus exploiter à des fins partisanes le sentiment d’insécurité, sentiment bien réel. Le premier devoir d’un responsable, à cet égard, étant non pas de souffler sur les braises en entretenant les peurs mais de mettre en œuvre les moyens permettant d’éteindre le feu qui couve et peut menacer à terme la paix civile si l’on n’y prend garde.
En finir avec un angélisme coupable et un laxisme qui font le jeu des extrémismes.
Ne pas nier l’existence de phénomènes évidents de violence et de refus d’intégration de la part de certains et accepter que se perpétuent des comportements manifestement contraires aux valeurs et principes qui fondent l’existence d’un Etat de droit.
Assurer la gestion démocratique des flux migratoires dans un cadre européen, l’Union européenne devant être dotée, à cet égard, d’une souveraineté suffisante lui permettant de réguler ces flux et d’exercer les contrôles nécessaires.
Concilier la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux dans le respect de règles plus contraignantes. La souveraineté européenne devant ici encore s’affirmer, l’Europe ne pouvant être un « couloir », un « espace » où quiconque puisse s’installer à sa guise.
Accueillir l’étranger et le faire bénéficier des lois de l’hospitalité qui sont celles d’Etats démocratiques attachés aux conventions internationales et déclarations des droits de l’homme, en rejetant toute forme d’ostracisme et d’exclusion à l’égard de quiconque mais ne jamais abdiquer nos valeurs et nos principes, fruits d’une longue histoire et d’épreuves partagées et de destins associés.
Ne jamais confondre le respect des principes démocratiques et des droits de l’Homme avec l’anarchisme et une approche trop individualiste qui consiste à se croire au dessus de la loi commune et à prôner le « moi je » aux dépens des droits des autres.
Affirmer toujours plus haut et plus fort le lien indissociable qui existe entre les droits et les devoirs.
Respecter en toute circonstance la dignité de l’homme et de la femme et agir dans un souci de justice et d’équité afin d’éviter la « déconstruction » d’une société qui se doit d’être soudée et refuse l’exclusion.
Ne jamais cesser de vouloir vivre ensemble et œuvrer à l’épanouissement d’une communauté de destin dans le respect de nos valeurs communes et de nos légitimes différences eu égard à la diversité des peuples qui composent l’Union.
Gérard-David Desrameaux
Président-fondateur du RCE
16:57 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0)
09/10/2010
L'AVENIR DE L'EUROPE A 27
Editorial
L’ancien Premier ministre, Edouard Balladur a jugé récemment dans un entretien accordé au Journal Le Monde que « l’Europe à 27 est vouée à la confusion et à l’échec » et paie le prix d’un « élargissement qui a été décidé trop hâtivement. » Ce faisant, l’ancien Premier ministre défend une thèse que nous n’avons pas cessé de développer au RCE depuis des années. Nous avons en effet, à maintes reprises, mis l’accent sur le fait qu’il convenait d’approfondir les institutions et de consolider les fondations de la construction européenne avant d’élargir. C’est un autre choix qui a été fait dont nous ne cessons de voir tous les jours les effets désastreux sur la construction européenne.
Celle-ci patine, nous le constatons quotidiennement, et nous ne pouvons que le déplorer, à défaut, pour l’instant, d’inverser le cours des choses, faute d’une volonté politique affirmée.
Evoquant l’élargissement, François Mitterrand déclarait à Strasbourg devant le Parlement européen, le 17 janvier 1995 : « …Plus l’Europe s’affirme sur le plan interne et plus sa force d’attraction s’exerce sur les autres pays démocratiques d’Europe. Encore faut-il que ces deux objectifs ne se contredisent pas. Et c’est là la difficulté, car il faut élargir, mais aussi renforcer l’Union existante. Il ne faut pas que l’élargissement affaiblisse ce qui existe. Et il ne faut pas que ce qui existe empêche l’élargissement de l’Union aux limites de l’Europe démocratique. C’est un problème difficile à régler. Mais je vous demande d’y prendre garde, c’est peut-être la question la plus difficile que vous aurez à résoudre au cours des années prochaines (…) nos négociateurs commettraient à mon sens une erreur si, par impatience ou lassitude, ils laissaient les élargissements se faire dans des conditions qui affaibliraient la cohésion et les disciplines de l’Union. J’insiste sur ce point : je suis tout à fait partisan de l’élargissement à toute l’Europe démocratique, mais je ne voudrais pas qu’au moment où le dernier adhérent arrivera, il adhère à quelque chose qui déjà n’existe plus, parce que ruinée de l’intérieur. C’est une immense ambition politique qui vous appartient : réussir ce qui est beaucoup plus qu’un pari, réussir cet enjeu historique. »
L’Histoire, hélas confirme les inquiétudes formulées alors par le chef de l’Etat.
Aujourd’hui, le lien paraît pour le moins distendu entre les différents pays européens. Les relations au sein de l’Union se sont profondément détériorées et un sentiment diffus de « chacun pour soi » semble trop souvent l’emporter sur tout esprit d’entente et d’union.
A vouloir trop élargir et plus encore trop rapidement, nous avons affaibli l’édifice que nous cherchons à construire.
Alors que le monde bouge et change, l’Europe est trop souvent maltraitée par des dirigeants qui, tout en la célébrant et en invoquant son nom et leur attachement à la construction européenne, continuent de raisonner en nationalistes, ce qu’ils n’ont jamais vraiment cessé d’être au-delà des formules et des discours prononcés.
Il faut désormais inventer un projet audacieux pour sortir de l’ornière dans laquelle nous nous trouvons et relancer une dynamique, fût-ce à quelques-uns pour commencer.
Mais nous sommes en droit de poser ces questions : Quel est le projet qui emportera l’adhésion des peuples ? Qui le proposera ? Quand viendra le sursaut que tout Européen convaincu appelle de ses vœux ? Quand se mettra en marche l’armée pacifique des militants d’une Europe puissance pour que naisse enfin et s’épanouisse cette structure dont nous avons tant besoin, si nous voulons, nous peuples d’Europe, tout simplement continuer d’être et de compter dans le monde de demain ?
Gérard-David Desrameaux
Président-fondateur du RCE
18:22 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0)