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26/04/2015

Le projet "Europa"mériterait d'être mieux défendu

 

Editorial

 L’Europe se déchire. L’Europe unie, ce grand projet voulu et mis en œuvre par les pères fondateurs de l’Europe, est chaque jour un peu plus décriée, critiquée et vilipendée, comme je l’ai souvent indiqué, par nombre de dirigeants qui ont failli à leur mission.

Ces derniers n’ont pas su ou voulu, en effet, préserver l’héritage transmis par ceux qui ayant connu les affres de la guerre et ayant été confrontés aux totalitarismes et autoritarismes du XXe siècle avaient décidé de faire œuvre de paix en bâtissant une Europe unie sur les décombres résultant de la seconde guerre mondiale.

L’ancien président de la République, M. Valéry Giscard d’Estaing, dans un ouvrage intitulé Europa la dernière chance de l’Europe, publié il y a quelques mois, indiquait : «  Si on ne propose pas à l’opinion publique des objectifs concrets et réalistes d’intégration européenne, il existe un risque sérieux d’assister à la dislocation du dispositif existant. »

De son côté, l’ex chancelier allemand, M. Helmut Schmidt, dans la préface de l’ouvrage précité indiquait : « l’attentisme et l’immobilisme sont de mauvaises réponses devant l’imminence de la désintégration. »

Depuis des années, j’ai suffisamment appelé de mes vœux que les plus éminents europhiles puissent lancer un appel solennel en vue d’une refondation du projet européen (voir notamment sur ce site mon éditorial du 19 mai 2014) pour ne pas rendre aujourd’hui hommage à ces deux hommes d’Etat qui ont, il y a quelques mois, mis les Européens devant leurs responsabilités tout en mettant l’accent sur l’urgence qu’il y avait désormais à agir si l’on ne voulait pas voir le projet européen échouer.

Le projet « Europa » du président Valéry Giscard d’Estaing a le mérite d’exister. Sans doute, eu égard aux circonstances actuelles et à l’état présent de l’Europe, ce projet n’est-il pas aussi ambitieux que ce que les plus ardents défenseurs du projet européen étaient en droit d’espérer. Il se veut cependant pragmatique, sérieux et susceptible de favoriser cette refondation à partir de quelques Etats d’une Europe plus intégrée.

Il est permis, en revanche, de s’interroger là encore sur le peu d’écho enregistré à la suite d’une telle proposition.

Pourquoi tant de silence, pourquoi cette absence de réaction de la part de ceux qui pourraient en raison même de leurs fonctions et de leur rôle en appeler à un sursaut, à une initiative ?

Pourquoi cette absence de mobilisation, cette forme d’impuissance et d’acceptation fataliste d’un avenir peu glorieux pour le projet européen hier encensé et présenté comme l’avenir incontournable des peuples d’Europe ?

L’ « euroscepticisme » grandit. Il compte désormais dans ses rangs, non seulement les eurosceptiques de la première heure, c’est-à-dire ceux qui ne croyaient pas en ce projet mais  aussi des europhiles qui voulant le voir aboutir doutent aujourd'hui de la capacité et surtout de la volonté de nombre d’acteurs politiques européens  de premier plan d’emprunter les voies qui le lui permettent.

Ce sont maintenant les « europhobes » qui font entendre leurs voix en haussant le ton, profitant des peurs et des angoisses des habitants d’Europe.

Qui relèvera le défi au nom des Européens de cœur et de raison ?

Oui, le projet « Europa » mériterait d’être mieux défendu car à ce jour il constitue la seule piste crédible, piste qui devrait servir de base de discussion en vue d’une relance du projet européen.

Gérard-David Desrameaux

 

30/12/2014

Un projet européen en manque d'inspiration et de souffle

Editorial

 L’Union européenne redoute l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir en Grèce. La montée en puissance des populismes, qu’ils soient de droite ou de gauche, inquiète en effet de plus en plus les partis traditionnels de l’Union européenne.

L’austérité, notamment dans les pays du sud de l’Europe, n’est évidemment pas sans lien avec cette montée en puissance.

L’incapacité dans laquelle se trouvent nombre de gouvernements de l’Union européenne de maîtriser leurs déficits budgétaires, leurs taux de chômage, leur endettement public et d’obtenir un minimum de croissance en dépit de politiques de rigueur, voire d’austérité, renforce ce mouvement de fond qui nuit désormais gravement à l’image de l’Union européenne, voire à celle de la zone euro.

La crise s’est installée. Les pourfendeurs de l’Europe ont indéniablement marqué des points au cours des dernières années et les résultats obtenus par les partis pro européens lors des dernières élections européennes ainsi que le fort taux d’abstention enregistré à cette occasion ne sont pas des faits encourageants quant à l’avenir du projet européen.

Une approche par trop libérale, commerciale  pour ne pas dire mercantile, et économique a éloigné les Européens d’un projet qui devait d’abord être conçu pour eux, c’est-à-dire pour eux, citoyens d’Europe et peuples d’Europe.

Mais, hélas, les tenants d’un nationalisme pur et dur ont su profiter des échecs et surtout des indécisions de beaucoup de dirigeants européens pour introduire le doute, le scepticisme, voire le rejet d’un destin partagé.

L’absence d’ambition et de courage de la part de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement européens nuit  désormais gravement à la cause des citoyens de l’Union européenne.

Elle traduit un rétrécissement de l’idéal européen et n’est que le reflet d’une dramatique déficience conceptuelle.

Le projet européen s’évapore parce qu’il n’y a plus de leader européen capable de redonner du sens et une dynamique à un projet européen en manque d’inspiration et de souffle.[1]

Il est absolument nécessaire, aujourd’hui, de galvaniser l’énergie de millions d’hommes et de femmes inquiets quant à leur avenir et à celui de leurs enfants.

Si les forces hostiles à l’Union devaient progresser encore et parvenaient demain aux responsabilités, nous pouvons d’ores et déjà faire le pronostic que les accents guerriers et belliqueux, que nous entendons déjà ici ou là,  se développeraient de nouveau sur notre continent et avec eux des cortèges de haine, de xénophobie et de rejet de l’autre. Est-ce là l’image que nous entendons donner à l’Europe de demain ? N’est-il pas temps de dire : «  Ce n’est pas ce que nous voulons.»

 Gérard-David Desrameaux

1 A l'exception notable de l'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, qui, dans un ouvrage publié récemment : Europa, la dernière chance de l'Europe, propose un projet à la fois ambitieux et pragmatique sur lequel je reviendrai prochainement.

 

 


07/09/2014

POUR UNE DEFENSE EUROPEENNE ET OPERATIONNELLE

Editorial

« Le nationalisme, c’est la guerre ». Cette formule souvent rappelée par un homme d’Etat qui ne mettait pas son drapeau dans sa poche est plus que jamais d’actualité.

Des bruits de bottes se font de nouveau entendre aux confins de cette Europe aux contours incertains.

Des menaces, des provocations, des gesticulations de toutes sortes, au demeurant partagées et toutes aussi irresponsables les unes que les autres, ravivent des tensions, entraînent des haines et maintiennent un climat lourd de conséquences.

Certains vont jusqu’à évoquer un retour au temps de la guerre froide.

Guerre froide ou guerre bien réelle pour certaines populations, un fait est là : la guerre est une nouvelle fois aux portes de l’Europe et force est de constater que l’Union européenne est bien désarmée, au sens propre comme au sens figuré face à une crise qu’elle n’a pas su anticiper ou tout simplement imaginer tant elle était persuadée – à tort bien évidemment - que la guerre relevait désormais du passé et relevait de l’impensable.

C’était à l’évidence sous-estimer la capacité de certains à confondre nationalisme avec patriotisme ? C’était aussi ignorer que les mêmes causes ou des causes voisines produisent souvent des effets du même genre. C’était en même temps accorder peu de crédit à la géopolitique et à l’histoire des peuples et des civilisations.

Des risques majeurs existent ainsi aux frontières de l’Union européenne.

Dans le même temps, le Proche-Orient connaît crises sur crises et le sang coule à flot, en Irak, en Syrie et en Libye notamment. Des fanatiques et terroristes font régner la terreur et menacent tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Les budgets militaires sont en hausse dans la plupart des pays du monde, notamment en Russie, en Chine et aux USA. Tel n’est pas le cas en Europe et en France, pour cause d’austérité et de restrictions budgétaires.

Au printemps dernier lorsque la question du respect ou non de la loi de programmation militaire 2014-2019 était posée et que des interrogations et des inquiétudes formulées ici ou là, y compris par le ministre de la défense, M. Le Drian, et ce, sur fond de malaise au sein de l’armée, le Premier ministre avait fait savoir qu’elle serait « totalement préservée ».

De fait, il était absolument nécessaire de « sanctuariser » comme il est coutumier de dire le budget de la défense au niveau où il avait été fixé à la fin de l’année.

Au-delà de tout esprit polémique il est cependant tout à fait légitime de s’interroger sur la nécessité ou non de faire mieux et de faire plus dans un contexte qui n’est pas caractérisé, c’est le moins que l’on puisse dire, par un esprit de détente et d’harmonie entre les nations, comme il vient d’être dit.

Aujourd’hui, il est absolument nécessaire de prendre conscience des enjeux et de la nature des défis.

En outre, il s’agit à l’évidence d’un domaine - celui de la défense et de la sécurité - dans lequel l’Europe doit s’investir à fond en procédant notamment à une mutualisation de nos dépenses en matière d’armement. Sans défense européenne forte et opérationnelle, il n’y a pas, il n’y aura pas d’Europe puissance, d’Europe souveraine.

 

Gérard-David Desrameaux