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25/06/2022

DE L'ALTERNANCE AU PARTAGE DU POUVOIR *

 

 

 

 

 Editorial

 

Partager le pouvoir, ce n’est pas organiser la confusion du pouvoir et moins encore la paralysie du pouvoir, c’est rechercher un équilibre des pouvoirs afin que les intérêts de la cité comme ceux de l’Etat soient défendus et débattus dans la clarté et une totale transparence.

 

Au-delà des textes, au-delà des intentions, des réformes promises, voire engagées, il faut en appeler à une éthique de la responsabilité, à un changement des esprits et des comportements.

 

La politique a besoin de cohérence et de lisibilité. Sans clarté et sans objectifs nettement définis et respectés dans la mise en œuvre, c’est toute la confiance d’un peuple qui est mise à mal.

 

Un changement radical dans la façon de faire de la politique correspond à une ardente obligation. Rien ne sera possible sans une dimension éthique et une volonté d’apaiser les relations entre les femmes et hommes de notre pays.

 

Encore une fois, il faut passer de la déliquescence à la quintessence du discours politique et être capable de tracer une voie, fixer un cap, proposer de grands desseins et penser des projets politiques en sachant mettre sous le boisseau les petites rivalités partisanes et les petites ambitions personnelles. Le renouveau de la politique passe peut-être et plus sûrement par ce chemin que par des alternances radicales.

 

Unis dans la diversité, la devise européenne, devrait inspirer la classe politique française.

 

Refonder nos institutions est une nécessité pour éviter de dériver vers je ne sais quelle rive incertaine et d’aller vers je ne sais quel type de régime autoritaire ou populiste.

 

Le partage du pouvoir, au-delà des mots, au-delà de la formule, est une exigence démocratique. Enfin, il doit être bien clair, mais est-il utile de le préciser, que le partage du pouvoir s’entend non pas du partage des avantages du pouvoir mais du partage des prises de décision, donc de l’exercice du pouvoir.

 

Au demeurant, en appeler à un partage du pouvoir et combattre les clans opposés systématiquement les uns aux autres ne signifie nullement vouloir la fin des clivages. Il ne s’agit pas d’aller vers une force hégémonique, fut-elle centrale, qui serait de nature à réduire les débats en sons sein et à opposer une vision uniforme de la société.

 

Réduire les antagonismes, ce n’est pas nier les sensibilités et les différences, c’est au contraire leur permettre de se développer en dehors de tout sectarisme et dogmatisme et c’est aussi éviter le mortel moule de la pensée unique. C’est aussi et surtout mettre un terme à des divisions artificielles qui ternissent l’image de la politique et à travers elle celle de la démocratie.

 

Gérard-David Desrameaux

*Conclusion de l'essai De l'alternance au partage du pouvoir, Gérard-David Desrameaux, édition Bréal, 2017

23:05 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0)

POUR UNE AUTRE GOUVERNANCE

 

Editorial

 

 

 

Depuis des décennies, je mets l’accent sur la nécessité de changer fondamentalement notre façon d’appréhender la politique dans notre pays.

 

A travers trois essais, Esquisse d’une démocratie nouvelle, pour une éthique en politique, Refondons nos institutions, d’une monarchie républicaine à une démocratie républicaine et De l’alternance au partage du pouvoir, faut-il en finir avec nos modes de scrutin ? , publiés respectivement en 2007, 2016 et 2017 ainsi qu’à travers de nombreux articles publiés sur deux sites, j’ai fait un certain nombre de propositions de nature à remédier à une situation préoccupante de l’état de notre démocratie.

 

Or, la dégradation de celle-ci s’est poursuivie au cours des dernières années.

 

Dans le contexte actuel, il me paraît utile d’en appeler à une autre gouvernance s’inspirant de nombre de propositions formulées dans les essais et écrits précités ainsi que du projet de Constitution que j’ai élaboré en 2016 et publié dans Refondons nos institutions car aujourd’hui comme hier, il me semble qu’elles permettraient à nos institutions d’évoluer favorablement vers un régime présidentiel jumelé à une revalorisation de notre Parlement grâce à une meilleure représentativité et à une atténuation du parlementarisme rationalisé en vigueur dans notre pays depuis le début de la Ve République.

 

La crise de la démocratie dite représentative n’est pas assez prise en compte par les différents acteurs politiques et ceci est particulièrement regrettable car ce manquement peut avoir des conséquences dramatiques sur l’avenir des trop rares démocraties existant à travers le monde.

 

Invoquer le recours à une démocratie dite participative ne suffit pas, ne suffira pas à remplacer le sentiment de vivre sous une forme de pouvoir délégitimé.

 

La démocratie dite participative n’est pas d’autre part la réponse adaptée aux maux de notre temps. Il est illusoire de vouloir contourner un défaut de représentativité par l’érection d’assemblées faussement démocratiques qualifiées d’assemblées participatives substituant une prétendue démocratie participative à nos assemblées représentatives.

 

A cet égard, il est regrettable qu’à la veille des élections législatives des12 et 19 juin 2022, alors que la campagne électorale était sans relief, que les débats semblaient proscrits, que les propositions étaient dérisoires, que les enjeux électoraux étaient mal définis et que les intentions de participer au vote étaient particulièrement basses, en d’autres termes que la démocratie représentative n’était absolument pas mise en valeur, on ait annoncé la création d’un Conseil national de la refondation aux contours imprécis qui ne saurait légitimement se substituer à la seule légitimité reconnue au peuple souverain et à ses représentants.

 

S’agissant de la défiance des Français à l’égard de la démocratie, Le Figaro du 15 avril 2022, évoquant un récent sondage réalisé par le Cevipof, rappelait que les Français exprimeraient leur besoin d’une refondation démocratique, 57% d’entre eux estimant que la démocratie ne fonctionne pas bien.

 

Le même jour, dans le même journal, un éditorial de M. Vincent Trémolet de Villers s’intitulait : « Urgence institutionnelle ».

 

Le Monde du 28 avril 2022 titrait : « Macron au défi du renouveau démocratique »

 

Après autant de décennies où l’accent a été mis de façon récurrente sur la crise de nos institutions et plus encore sur le divorce entre les Français et une certaine façon de faire de la politique par une partie de la classe politique on ne peut qu’exprimer le vœu que le sujet soit véritablement traité comme il se doit si nous voulons éviter que dans un avenir proche des voies radicales nous mènent vers des solutions dangereuses pour l’avenir même de la démocratie.

 

Au lendemain des élections législatives, nombre de journalistes et commentateurs adeptes des combats binaires et des discours de guerre civile ont jugé que la France était devenue ingouvernable.

 

Il me semble que nous devons plutôt profiter de la nouvelle donne, l’existence d’une majorité relative se substituant à une majorité absolue pour faire émerger une culture du consensus par la constitution de majorités d’idée, de majorités à géométrie variable comme nous le préconisons depuis longtemps.

 

La démocratie, c’est aussi et surtout l’art du compromis.

 

Gérard-David Desrameaux

 

 

 

25/01/2022

La radicalité est en marche

 

Editorial

 

 

 

En ce début d’année 2022, on ne peut être que saisi par la montée en puissance de la radicalité tant dans notre pays qu’au plan international.

 

Pour s’en tenir au plan national, je voudrais ici déplorer et condamner avec la plus grande fermeté tout ce qui concourt à la violence et à la haine ainsi qu’au rejet de l’autre, de celui ou de celle qui n’a pas ou n’a plus l’heur de vous plaire.

 

Aux lieu et place d’un débat démocratique et de dialogues sains et constructifs, on a le sentiment d’être confrontés en permanence à des monologues successifs où chaque intervenant assène sa vérité sans véritablement échanger et sans vouloir prendre en considération - fût-ce pour la contester - l’opinion de son interlocuteur, de son contradicteur.

 

Ce ne sont qu’affirmations ex cathedra et jugements péremptoires. Il n’y aurait ainsi qu’une vérité, une seule, sans doute révélée !

 

Oui, la radicalité est en marche. Les Français semblent être divisés entre les bons, les gentils et responsables, d’une part, et les mauvais, les méchants et irresponsables, d’autre part.

 

Un exemple précis corrobore le propos qui précède. Dans le cadre de la grave crise sanitaire qui touche une grande partie de l’humanité et qui n’épargne pas notre pays, il y aurait d’un côté des gens qui auraient le souci de l’autre, qui seraient altruistes, et d’autres qui seraient égoïstes et ne penseraient qu’à eux

 

Il y aurait ceux qui pensent à l’intérêt général et ceux qui ne pensent qu’à leur propre intérêt personnel.

 

Cette présentation des choses est évidemment réductrice et tend d’une part à stigmatiser une partie de la population et à aggraver les divergences au demeurant bien naturelles dans une société démocratique dès lors qu’elles ne sont pas exacerbées à dessein

 

Les injures, menaces, invectives et agressions diverses se multiplient. Chaque jour apporte son lot de violences. Sur les réseaux sociaux se déchaînent trop souvent les passions les plus viles et les plus abjectes sur fond de rumeurs et d’insinuations de toutes sortes.

 

Des élus, toutes sensibilités politiques confondues, font non seulement l’objet d’agressions verbales mais aussi d’agressions physiques portant atteinte à leur intégrité physique et de menaces de mort. Ainsi, une forme d’antiparlementarisme se développe dans un climat de plus en plus délétère.

 

Dans le même temps, quelques irresponsables attisent les brèches de la haine et de l’intolérance alors qu’il conviendrait de calmer le jeu si l’on veut que notre société demeure une société démocratique. Il est vraiment urgent d’éviter que le substrat de la démocratie ne soit remplacé par la radicalité et les extrémismes de tout bord.

 

Gérard-David Desrameaux