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30/12/2014

Un projet européen en manque d'inspiration et de souffle

Editorial

 L’Union européenne redoute l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir en Grèce. La montée en puissance des populismes, qu’ils soient de droite ou de gauche, inquiète en effet de plus en plus les partis traditionnels de l’Union européenne.

L’austérité, notamment dans les pays du sud de l’Europe, n’est évidemment pas sans lien avec cette montée en puissance.

L’incapacité dans laquelle se trouvent nombre de gouvernements de l’Union européenne de maîtriser leurs déficits budgétaires, leurs taux de chômage, leur endettement public et d’obtenir un minimum de croissance en dépit de politiques de rigueur, voire d’austérité, renforce ce mouvement de fond qui nuit désormais gravement à l’image de l’Union européenne, voire à celle de la zone euro.

La crise s’est installée. Les pourfendeurs de l’Europe ont indéniablement marqué des points au cours des dernières années et les résultats obtenus par les partis pro européens lors des dernières élections européennes ainsi que le fort taux d’abstention enregistré à cette occasion ne sont pas des faits encourageants quant à l’avenir du projet européen.

Une approche par trop libérale, commerciale  pour ne pas dire mercantile, et économique a éloigné les Européens d’un projet qui devait d’abord être conçu pour eux, c’est-à-dire pour eux, citoyens d’Europe et peuples d’Europe.

Mais, hélas, les tenants d’un nationalisme pur et dur ont su profiter des échecs et surtout des indécisions de beaucoup de dirigeants européens pour introduire le doute, le scepticisme, voire le rejet d’un destin partagé.

L’absence d’ambition et de courage de la part de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement européens nuit  désormais gravement à la cause des citoyens de l’Union européenne.

Elle traduit un rétrécissement de l’idéal européen et n’est que le reflet d’une dramatique déficience conceptuelle.

Le projet européen s’évapore parce qu’il n’y a plus de leader européen capable de redonner du sens et une dynamique à un projet européen en manque d’inspiration et de souffle.[1]

Il est absolument nécessaire, aujourd’hui, de galvaniser l’énergie de millions d’hommes et de femmes inquiets quant à leur avenir et à celui de leurs enfants.

Si les forces hostiles à l’Union devaient progresser encore et parvenaient demain aux responsabilités, nous pouvons d’ores et déjà faire le pronostic que les accents guerriers et belliqueux, que nous entendons déjà ici ou là,  se développeraient de nouveau sur notre continent et avec eux des cortèges de haine, de xénophobie et de rejet de l’autre. Est-ce là l’image que nous entendons donner à l’Europe de demain ? N’est-il pas temps de dire : «  Ce n’est pas ce que nous voulons.»

 Gérard-David Desrameaux

1 A l'exception notable de l'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, qui, dans un ouvrage publié récemment : Europa, la dernière chance de l'Europe, propose un projet à la fois ambitieux et pragmatique sur lequel je reviendrai prochainement.

 

 


08/11/2013

POUR UNE MEILLEURE MOBILISATION DES PRO-EUROPEENS

Editorial

Dans quelques mois, les Européens éliront leurs nouveaux représentants au sein du Parlement européen. Ils le feront dans un contexte particulièrement peu favorable au concept d’Europe unie.

En effet, l’idée européenne est en recul dans l’imaginaire populaire. Le manque d’initiatives tendant à renforcer les institutions européennes, des élargissements prématurés sans approfondissement préalable et sans les aménagements indispensables, l’absence de repères et de visions claires sur l’avenir de l’Union et sur le type d’Europe que l’on souhaite voir s’édifier ont alimenté des peurs et des interrogations permettant aux sceptiques et adversaires de toujours de l’Europe de surfer sur des vagues de populisme qui risquent de se transformer en tsunami si les partisans d’une construction européenne crédible, fiable, donc dotée des instruments de la souveraineté, ne sont pas capables de tenir un discours clair, offensif et précis.

Les élections européennes sont, nous l’avons déjà dit, des élections atypiques. Or, il faut savoir que dans le contexte actuel les risques sont grands pour les partis pro-européens de faire un très mauvais score du fait de poussées populistes importantes dans tous les Etats de l’Union lors des prochaines échéances électorales.

L’Europe, celle de Bruxelles notamment, étant en permanence montrée du doigt et tenue pour responsable de tous les errements des dirigeants des différents Etats.

Dès maintenant les partis devraient être en campagne, faire œuvre pédagogique, mobiliser leurs troupes, galvaniser l’ardeur des Européens de cœur et « démonter » les discours des eurosceptiques.

Or, il n’en est rien.

Cette démobilisation, cette apathie, cette léthargie a de quoi inquiéter car le temps presse.

Pendant ce temps, nous le constatons tous les jours, ceux qui ne croient pas dans le projet européen sont à l’œuvre. Ils s’activent et s’évertuent à déconstruire ce que d’autres ont péniblement construit au cours des dernières décennies.

Ils sont hélas largement aidés par des comportements et attitudes d’Européens sans doute sincères et convaincus mais qui n’ont rien fait pour ranimer la flamme vacillante des bâtisseurs d’hier.

Il est consternant de constater qu’aucune proposition crédible, qu’aucune vision d’ensemble, qu’aucun projet cohérent n’a été proposé aux citoyens d’Europe par certains qui semblent n’avoir   qu’une idée en tête : être de nouveau candidat et surtout en bonne position sur une liste leur permettant d’être élu ou réélu.

Mais où est le programme ? Quelles sont les propositions ? Où sont les convictions ?

Dès lors, il ne faudra pas s’étonner si une fois de plus, à l’instar des précédentes élections européennes, nombre d’électeurs se détournent des urnes ou envoient à Strasbourg des représentants peu motivés, voire eurosceptiques si ce n’est hélas pour certains d’entre eux des europhobes.

La plupart des partis épousant l’air du temps adoptent des profils bas. Puissent les avocats d’une Europe puissance faire entendre leurs voix et se distinguer de tous ceux qui se préparent une fois de plus à mettre leur drapeau dans leur poche.

On attend des pro-européens qu’ils tiennent un discours de conviction et qu’ils fassent preuve de courage et d’ambition afin d’inverser le cours des choses qui ressemble fort à une pente fatale.

Gérard-David Desrameaux

05/06/2011

L'EUROPE FACE A L'IMMIGRATION

Editorial

 Les Gouvernements d’Europe réagissent face au délicat problème de l’immigration, chaque Etat le faisant à sa façon. Or c’est au niveau européen, là-encore, que doit être définie une authentique politique d’immigration qui tienne à la fois compte des intérêts de l’Europe en tant que grande puissance souveraine et des légitimes aspirations de femmes et d’hommes qui fondent leurs espérances dans un Eldorado qui n’est sans doute plus tout à fait aussi réel que ce qu’il a pu être en d’autres temps et ce, eu égard notamment à la situation économique et financière des divers Etats composant l’Union européenne.

S’agissant de l’immigration, il convient de tenir un discours qui soit à la fois responsable et respectueux de la personne humaine.

Dans le même temps, il faut faire preuve de lucidité et de réalisme.

Nous avons tous en mémoire la phrase prononcée par Michel Rocard : « La France n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde ». Cette phrase peut s’appliquer à chacun des Etats de l’Union.

Si nous voulons combattre la montée en puissance de ce populisme qui se développe et s’affirme aujourd’hui à l’intérieur de l’ensemble ou presque des Etats de l’Union, il faut nous garder de tout angélisme et de tout discours susceptibles l’un et l’autre d’entretenir des chimères et de conforter la thèse selon laquelle les Etats et L’Union  seraient dessaisis de toute autorité  et de tout pouvoir sur les flux migratoires.

 Certes, l’Europe se doit d’être accueillante et généreuse mais dans le cadre de limites qu’elle doit être à même de fixer afin de veiller à ce que l’avenir de l’ensemble de l’Union puisse se développer dans un cadre harmonieux et défini collectivement par l’ensemble des Etats de l’Union. Ces derniers ne peuvent agir séparément, dans ce domaine comme dans bien d’autres, sans prendre le risque de voir peu à peu se déliter cet édifice encore fragile : l’Union européenne.

Les ultra-libéraux, à l’instar de certains militants d’extrême gauche, prônent une immigration massive, souhaitant que l’Europe ouvre largement ses frontières. Ce faisant, ils font preuve d’une irresponsabilité coupable car ils ne pensent pas l’« Europe » en termes de projet politique, de lieu de civilisation, en espace harmonieux de peuples unis dans leur diversité pour vivre un destin commun dans le respect de valeurs partagées.

Toute irresponsabilité en matière d’immigration et toute démesure ne peuvent que faire le lit des extrémismes quels qu’ils soient et porter préjudice aux femmes et hommes qui aspirent souvent pour des causes tout à fait légitimes à immigrer.

Il est donc urgent pour les peuples d’Europe d’harmoniser leurs politiques en matière d’immigration et d’engager une audacieuse politique permettant de tarir à sa source les flux migratoires incontrôlés par des aides permettant le développement économique des principaux pays pourvoyeurs d’immigrés.

Il est tout aussi urgent de s’interdire toute surenchère sur un tel sujet qui doit être traité avec sérieux et discernement car il concerne, d’un côté, le destin de millions de femmes et d’hommes et, de l’autre côté, l’avenir d’une Union européenne encore chancelante sur ses bases qui doivent être consolidées.

 Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE.