29/08/2010
CRAINTES ET ESPOIRS QUANT A L'AVENIR PROCHE DE L'UNION EUROPENNE
Editorial
Les investisseurs auraient repris confiance dans la zone euro, celle-ci ayant regagné quelque peu sa sérénité après avoir connu une phase de fortes turbulences au cours de la période récente. L’euro, dont la mort était annoncée remonte lentement face au dollar et aux principales devises. Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, déclarait il y a quelques semaines : « la situation est en voie de normalisation et, dans le même temps, Jean-Claude Trichet lançait un appel à la rigueur. Paris et Berlin souhaiteraient - semble-t-il - faire converger les systèmes fiscaux français et allemands, ce dont on ne peut que se réjouir.
Dans le même temps, toujours, sept banques européennes étaient jugées trop faibles pour affronter une crise dont cinq caisses d’épargne espagnoles et une banque allemande, ce qui est relativement mieux que ce que l’on pouvait craindre. Pour autant, nombre de banques européennes paraissent trop dépendantes des aides de l’Etat
La prudence s’impose cependant. La zone euro, si elle est aujourd’hui dans une situation moins sévère qu’il y a quelques mois, se doit d’être vigilante et déterminée afin de faire face aux menaces qui perdurent et une question fondamentale demeure aujourd’hui sans réponse : l’Europe est-elle à même de parler d’une seule voix dans un avenir plus ou moins proche, en particulier sur le plan économique ?
Sur un autre plan, le nouveau gouvernement britannique se présente comme le meilleur avocat de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne car son euroscepticisme le conduit à espérer que cette entrée d’un pays tel que la Turquie condamnera à jamais l’idée même du projet européen et ce pour les raisons que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer dans ces colonnes à maintes reprises ainsi que dans mon livre : « Pour une Europe puissance ».
Ne pas comprendre cela, ne pas mettre fin aux palinodies actuelles et laisser accroire que l’on négocie et souhaite l’adhésion de la Turquie à l’Union, à supposer qu’elle accomplisse les efforts souhaités au regard des droits de l’homme, notamment, c’est tout simplement manquer à ses devoirs d’Européen responsable.
C’est ne pas prendre conscience des enjeux et faire fi des réalités et du sens de l’Histoire. Avoir élargi plus vite qu’il ne convenait a conduit l’Union à cette « sorte d’impasse » dans laquelle se situe aujourd’hui l’Europe qui est désormais confrontée à des problèmes qu’elle semble ne pas savoir gérer, ni a fortiori maîtriser.
Vouloir aujourd’hui encore, en dépit des erreurs passées, élargir au-delà du souhaitable et de ce qui est permis est, pour ceux qui en formulent le désir, l’aveu, soit d’une forme d’inconscience, soit d’une volonté délibérée de mettre à mort le projet d’une Europe digne de ce nom, c’est-à-dire capable d’occuper toute sa place sur la scène du monde, en d’autres termes, c’est se comporter en adversaires patentés de l’Europe puissance, de cette Europe si nécessaire à l’équilibre du monde.
Gérard-David Desrameaux
Président-fondateur du RCE
16:05 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0)
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