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16/10/2011

DEMAIN, UN GOUVERNEMENT ECONOMIQUE POUR L'EUROPE ?

Editorial

Monsieur Alain Juppé, ministre d’Etat, ministre des affaires étrangères et européennes a récemment déclaré qu’il était favorable à « une véritable fédération européenne » se déclarant opposé à toute idée de démantèlement, voire de sortie de la zone euro, car selon lui, «Remettre en cause la zone euro, c’est remettre en cause la construction européenne » avant d’ajouter que « c’est aujourd’hui irresponsable. »

Le ministre s’est également déclaré favorable au franchissement d’une première étape dans la constitution d’un gouvernement économique européen.

L’intention est louable et doit être saluée comme il se doit.

Il est vrai aussi, qu’au-delà des mots et des souhaits tout à fait positifs il y a encore ici et là au cœur de l’Europe trop de réserves et de réticences qu’il convient absolument de dissiper et de réduire.

Trop d’arrière-pensées, trop d’hésitations freinent l’émergence d’un authentique gouvernement économique et demain politique de la zone euro. Ainsi, une réunion deux fois par an comme cela a pu être évoqué par certains, ne saurait tenir lieu de gouvernement de cette zone.

Une telle perspective n’est évidemment pas à la hauteur des enjeux et ne saurait être la réponse adaptée pour faire face aux défis de notre temps et à la gravité de la situation dans laquelle se trouve l’Union européenne et en particulier la zone euro.

Un gouvernement fédéral doit être doté des instruments de la puissance. C’est ainsi qu’il doit être capable à la fois d’anticiper et d’être suffisamment réactif car certaines décisions ne peuvent attendre et l’hésitation n’est pas permise, particulièrement en période de crise.

Il doit être un véritable pouvoir capable d’agir, de décider et d’engager les Etats et les peuples composant l’ensemble. Il lui faudra donc à terme, c’est-à-dire, dans mon esprit bientôt, tirer sa légitimité du peuple européen souverain.

On a pu craindre, à un moment récent, que la Slovaquie pourrait empêcher le sauvetage de l’euro eu égard à son vote négatif initial, suivi d’un deuxième vote, celui-ci positif, sur le renforcement du Fonds européen de stabilité financière décidé le 21 juillet 2011.

Il faut éviter qu’à l’avenir ce type de situation puisse se reproduire. L’avenir d’une communauté de trois cent trente deux  millions d’habitants ne peut dépendre, du fait d’un vote à l’unanimité de tous les Etats, de l’opposition, voire de la mauvaise volonté d’un seul d’entre eux fut-il l’un des plus petits tant en nombre d’habitants qu’au regard de son produit intérieur brut.

La règle de la majorité devrait donc se substituer dans les meilleurs délais à une règle, celle de l’unanimité qui bloque, affaiblit et dilue les pouvoirs de l’Union.

L’instauration d’un véritable gouvernement économique appelle donc une réforme en profondeur des institutions de l’Union européenne et plus encore du fonctionnement de la zone euro.

Il n’est que temps de s’atteler à cette tâche car aujourd’hui, alors que la crise fait rage, les gouvernements respectifs de nos Etats ne peuvent qu’improviser et colmater les brèches d’un ensemble dépourvu des instruments de sa puissance.

 

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE

11/09/2011

A L'ATTENTION DES CANDIDATS A L'ELECTION PRESIDENTIELLE

Editorial

Peu à peu les candidats à l’élection présidentielle, qu’ils soient candidats virtuels ou non, candidats à la candidature ou candidats bien réels, font entendre le son de leur voix et esquissent le développement de certains thèmes et propositions qu’ils comptent mettre au cœur du débat qui permettra aux Françaises et aux Français de les départager.

A cet égard, il me paraît important pour tout candidat sérieux qu’il soit en mesure de mettre en valeur le rôle moteur qui peut être et doit être celui d’un chef d’Etat qui s’en tient à l’essentiel montrant la voie, la direction qu’il faut emprunter.

Aussi, est-il fondamental pour tout candidat crédible d’insister sur sa conception de la « fonction présidentielle » et de mettre en valeur son « approche du pouvoir ». C’est cette approche qui permettra en effet au corps électoral de trancher.

Ce n’est pas, ce n’est plus d’un catalogue, d’un programme trop souvent tributaire du temps et de la conjoncture, dont l’électorat a besoin mais d’un projet, d’une orientation et d’une vision que j’aime qualifier de « grand dessein ».

La France n’attend pas d’un  président qu’il soit « normal » ou « anormal », mais un président qui préside, arbitre au sens noble du terme et soit capable de proposer un grand dessein.

Aux forces politiques, aux clubs et aux partis d’élaborer des programmes et propositions. A l’Homme d’Etat, d’incarner cette vision, ce grand dessein et de parler le langage de la vérité et de la sincérité.

Parmi ces grands desseins, je citerai volontiers, notamment, mais il en existe évidemment d’autres sur lesquels j’aurai l’occasion de revenir au cours des prochains mois :

-         la défense du pluralisme passant nécessairement par une loi électorale plus juste permettant une représentation aussi fidèle que possible des différentes sensibilités politiques du pays ;

-         la volonté de gouverner autrement, en tenant davantage compte de ces différentes sensibilités avec le souci constant, d’une part, de privilégier l’intérêt général et, d’autre part, de rompre avec la politique stérile du bloc contre bloc, du camp contre camp qui conduit à une impasse. Une telle volonté, un tel choix, il faut le savoir, implique une approche plus consensuelle de l’exercice du pouvoir, car dénoncer  le bloc contre bloc implique que le Parlement redevienne le lieu par excellence du débat débouchant le cas échéant sur des majorités à géométrie variable selon les thèmes et sujets abordés. Refuser cette logique en se contentant de dénoncer le bloc de gauche contre le bloc de droite reviendrait à accepter l’émergence d’un nouveau bloc contre d’autres blocs et ne changerait pas fondamentalement la donne ;

-         s’agissant de l’Europe, autre grand dessein, il me paraît fondamental que tout candidat sérieux ne laisse pas en jachère ce terrain. Tout candidat crédible doit s’inscrire dans la lignée des pères-fondateurs de l’Europe et des grands Européens du vingtième siècle en se faisant le héraut de cette cause-là et le porte-parole d’une Europe politique, citoyenne, humaniste et solidaire, sans hésiter à parler de fédéralisme. A cet égard, face à la montée des populismes, qu’il convient vraiment d’opposer, comme on sépare le bon grain de l’ivraie, au concept de prise en compte des aspirations légitimes des peuples, il y a un travail considérable à faire tendant à démontrer que l’Europe doit être plus unie, plus sociale, plus humaine et plus identifiable. A cet égard encore, tout candidat crédible devrait pouvoir reprendre à son compte, en ces temps d’incertitude, la formule de François Mitterrand : « La France est notre Patrie, l’Europe est notre avenir » ;

J’ajoute que celui ou celle qui bannira de son vocabulaire les petites phrases assassines et rejettera l’invective, les jeux de mots faciles, les insultes et le dénigrement de l’autre, des autres, devrait avoir notre préférence, car celui-ci ou celle-là aurait compris ce que gouverner veut dire et pris l’exacte mesure de la tâche à laquelle il entend se consacrer.

J’ajoute encore que la France a besoin de consensus mais pas d’un consensus mou qui serait synonyme d’inaction et qui conduirait à ne rien changer de peur de réveiller les passions et de susciter des conflits.

Il faut un consensus fort pour agir, pour faire évoluer les choses et entraîner celles et ceux qui veulent agir dans l’intérêt de la France, de l’Europe et du monde ; de la France en veillant à ce qu’elle soit plus unie, de l’Europe en la fédérant et en la consolidant, du monde en contribuant avec les autres peuples à ce qu’il soit mieux organisé.

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE

*Cet éditorial est également porté sur le site ECP

16:42 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0)

22/08/2011

CRISE DE LA DETTE : REFORME,RIGUEUR,EQUITE

 Editorial

 

Depuis la faillite de la banque « Lehman Brothers » et la crise financière de 2008, l’économie mondiale n’a pas cessé de vivre dangereusement au bord d’un précipice redoutable.

Hier, le doute portait sur les banques. Désormais, il porte sur les Etats. La crise ne cesse de se développer et chaque jour apporte son lot de nouvelles alarmistes mettant les marchés, les opérateurs, les agences de notation, les spéculateurs, en d'autres termes, tous ces nouveaux dieux de la scène mondiale dans un état de transe, aggravant ainsi la crise, compromettant, ce faisant, la consommation, le financement des entreprises, autrement dit, la reprise.

Or, face à cela, les Etats semblent particulièrement démunis. On l’a vu hier aux Etats-Unis avant et après l’annonce de la dépréciation de la note de cette puissance par l’agence Standard & Poor’s. De même, on constate, aujourd’hui, une certaine impuissance de la zone euro à trouver une solution acceptable par tous les Etats.

Paris et Berlin viennent de faire savoir qu’ils ne sont pas favorables à la mutualisation des dettes européennes. L’idée souvent émise au cours des derniers mois de créer des « eurobonds », la chancelière, Mme Merkel, s’y montrant depuis le début hostile,  n’est certes plus totalement exclue mais n’apparaît  comme étant possible aux yeux des dirigeants français et allemands actuels qu’au terme d’un long processus d’intégration et d’harmonisation des politiques de l’ensemble de la zone euro.

Faut-il y voir un signe de bon sens ou plutôt un signe d’absence de volonté politique et d’engagement fort de la part de ces deux pays dans un projet sérieux, crédible de construction européenne ? La question mérite assurément d’être posée.

Le Fonds de stabilisation financière (FSF) est certes une excellente initiative mais il y a urgence et il est nécessaire d’accélérer sa mise en place et de le doter de moyens nettement supérieurs eu égard à sa mission et en l’absence regrettable, à mon sens, d’ « eurobonds » (d’euro-obligations) dont la création aurait été un signal fort, en l’entourant bien évidemment de conditions strictes imposées aux Etats emprunteurs.

L’idée de taxer les transactions financières est une autre bonne idée, mais au-delà des intentions, il faut désormais passer aux actes et accélérer le processus.

Evoquer une gouvernance économique de la zone euro, autre idée que nous défendons depuis des années est une autre bonne idée mais elle ne saurait se limiter en tout et pour tout à deux réunions annuelles des chefs d’Etat et de gouvernement sous la présidence du conseil européen, M. Von Rompuy. Ce serait dérisoire et dépourvu de toute efficacité alors qu’il faut anticiper et être particulièrement  réactif.

Aujourd’hui, les Etats sont, me semble-t-il, en droit d’exiger du secteur privé et notamment bancaire plus de bienveillance et de coopération.

Il est temps, en effet, que la politique fasse prévaloir  son autorité sur celle des seuls marchés dont le pouvoir ne saurait être absolu sans porter gravement atteinte au concept d’intérêt général et tout simplement à l’autorité des Etats.

Les manifestations contre les inégalités sociales s’étendent dans nombre de démocraties. Des indignés se font entendre en Grèce, en Espagne, en Italie, en Israël.  Après le printemps arabe connaîtrons-nous un automne des démocraties occidentales ?

Les plans de rigueur, l’absence d’espoir et le sentiment que l’injustice progresse sont autant d’éléments qui sont de nature à dégrader le climat social et au-delà la stabilité de nombre de pouvoirs. Les pouvoirs publics, précisément, seraient bien inspirés d’en tenir compte.

Il ne saurait y avoir de solution permettant une authentique sortie de crise sans que ne soit pris en considération des notions d’équité et de juste répartition dans l’effort demandé à tous et à chacun dans le cadre des plans de rigueur élaborés ou en voie de l’être.

L’injustice, non seulement ressentie mais vécue, interpelle tous les dirigeants au-delà de leurs sensibilités politiques.

L’équité et la recherche d’un certain équilibre doivent être au centre de la question de l’effort qui sera demandé à l’ensemble des peuples, victimes de la dette.

On ne pourra, en effet, demander des efforts supplémentaires en l’absence de signes forts prouvant que la charge du fardeau est équitablement répartie entre ceux qui peuvent le plus et ceux qui peuvent le moins. Mais il faut ajouter et insister sur le fait que même cette recherche d’équité s’avèrerait vaine et donnerait l’impression que l’on remplit un puits sans fond si l’on ne procédait pas dans le même temps à une refonte en profondeur d’un système économique, monétaire et financier qui a montré ses limites et les conséquences dramatiques qu’il peut engendrer pour les Etats comme pour les particuliers.

Réforme, rigueur et équité doivent être les mots clés des temps qui viennent.

C’est à ce prix et à ce prix seulement que les hommes politiques ayant le sens de l’Etat pourront en appeler à la sueur, au sang et aux larmes à l’instar d’un certain Sir Winston Churchill !

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE