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24/04/2024

Du droit d'ingérence à la consolidation du socle des démocrties

 

Autrefois, je portais un regard plus positif sur les notions de droit, voire de devoir d’ingérence.

 

Il me semblait en effet que les grandes puissances se devaient de porter secours aux peuples en détresse, aux peuples qui souffraient et que nous ne pouvions rester indifférents au malheur que les uns et les autres subissaient.

 

Aujourd’hui, les choses ont évolué et ne se présentent plus tout à fait de la même façon si nous prenons bien conscience de l’ampleur du phénomène et de la nouvelle architecture du monde.

 

Le champ des démocraties, en effet, tend à se réduire et le nombre de régimes autoritaires, voire totalitaires, tend à se développer de façon exponentielle.

 

Là, où il était envisageable, concevable, non sans difficulté d’ailleurs, d’intervenir pour aider, ne fut-ce que soulager ou atténuer même provisoirement le malheur d’entités ou de communautés soumises à des exactions ou à des comportements de quelques potentats locaux, nous devons nous rendre à l’évidence que nombre de femmes et d’hommes sont désormais victimes de régimes belliqueux qui savent user de l’arme terroriste à travers le monde.

 

Aussi, le droit et le devoir d’ingérence trouvent-ils à certains égards leurs limites compte tenu du nouvel ordre mondial et disons-le d’un rôle nettement amoindri de l’ONU dans le cadre des relations internationales.

 

Que dire et penser, par exemple, d’une organisation internationale dont notamment l’un de ses membres permanents au Conseil de sécurité, la Russie, se croit autorisé à envahir un pays aux frontières reconnues internationalement ?

 

Que dire et penser de ces grandes puissances qui transgressent régulièrement les fondamentaux du droit international et croisent le fer entre elles ?

 

Que dire et penser d’un monde où les insultes et menaces, y compris au plan nucléaire sont légion ?

 

Que dire et penser d’un monde où n’importe quel groupe terroriste est à même, avec des drones, notamment, d’imposer, à l’instar des pirates d’hier, leurs lois et leurs règles en dehors de tout cadre,

 

Avant que ne s’établisse demain, peut-être, après-demain plus sûrement, un nouvel ordre mondial reposant sur le droit et la justice, en d’autres termes, un monde plus civilisé fondé sur l’éthique et le respect des êtres humains, il paraît donc difficile, à quelques rares exceptions près, d’intervenir sous peine d’assister au déferlement de haines et de déchirements généralisés sur toute la surface de notre planète.

 

L’état du monde, et en particulier celui des relations internationales est tel, qu’il est aujourd’hui préférable pour les démocraties de conforter leurs fondements et de se préparer à affronter les attaques dont elles ne sont nullement à l’abri émanant de puissances qui n’ont de cesse d’étendre leurs emprises, que ce soit par la soumission politique, économique, intellectuelle ou idéologique, voire par la force.

 

L’urgence est donc aujourd’hui, prioritairement, de consolider le socle des démocraties, afin que ces dernières demeurent un phare, une espérance pour les femmes et hommes qui aspirent à se libérer des chaînes qui les enchaînent.

 

Quid d’un bain de sang généralisé, voire d’une guerre mondialisée à l’échelle de la planète, si nous voulons désormais intervenir pour hâter un mouvement de libération qui ne saurait demeurer cependant au stade de l’utopie ?

 

Mais là encore, la raison impose de donner du temps au temps.

 

 

 

Gérard-David Desrameaux

 

27/02/2011

LA VOIX DE L'EUROPE

Editorial

 A plusieurs reprises j’ai eu l’occasion d’insister sur la nécessité de réformer et de renforcer l’ONU en lui donnant notamment plus de pouvoirs et en modifiant la composition du Conseil de sécurité afin de tenir compte des nouveaux équilibres mondiaux.

J’ajoutais et je continue à penser que le renforcement de l’ONU se fera surtout en la dotant de forces permanentes d’intervention que ce soit en vue d’assurer son rôle de garante du maintien de la paix ou en vue de mettre hors d’état de nuire quelque tyran ou despote dont les actions et initiatives mettraient en danger la sécurité et la paix du monde ou constitueraient des menaces pour l’intégrité physique et morale de peuples, ethnies ou groupes.

Aujourd’hui, un peu tardivement hélas, l’ONU semble vouloir sanctionner un tyran qui s’en prend à son peuple en ayant recours à la force, mais nous sommes loin encore de ce qui devrait être possible de faire si une véritable gouvernance mondiale permettant d’aider à la construction d’un monde mieux ordonné avait vu le jour.

J’ai souvent mis l’accent également sur le rôle majeur que devrait pouvoir jouer sur la scène du Monde une Europe puissance dotée d’une véritable diplomatie et susceptible de s’exprimer d’une même voix.

Aujourd’hui, des évènements majeurs se développent au Sud de la Méditerranée et au Proche-Orient.

Or, la lenteur des réactions, d’une part, et la faiblesse des réponses apportées, d’autre part, sont affligeantes alors qu’il y a urgence si nous voulons éviter que d’autres malheurs s’ajoutent à ceux déjà bien réels que connaissent nombre de peuples de la planète.

Un monde mieux ordonné appelle une plus grande solidarité entre ceux qui souffrent et sont dépourvus de tout et ceux qui peuvent leur venir en aide.

A cet égard, on insistera jamais assez sur la nécessité de veiller à ce que les aides économiques et les programmes de développement bénéficient vraiment à ceux qui en ont besoin, c’est-à-dire aux peuples et non à certains gouvernants et affairistes.

Trop d’exemples  récents montrent, hélas, que c’est souvent loin d’être le cas et il ne s’agit pas là d’un euphémisme !

Gérard-David Desrameaux

Président du RCE