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08/01/2012

UN ESPOIR POUR L'EUROPE

Editorial

8 Janvier 1996, 8 janvier 2012, souvenons-nous en ce jour de commémoration, de ces paroles de François Mitterrand, reproduites ci-dessous, prononcées alors qu’il était encore chef de l’Etat, moins d’un an avant sa disparition. Puissent-elles guider l’action de celles et de ceux qui, à quelque degré de responsabilité qu’elles ou qu’ils occupent, peuvent agir sur la marche du Monde et plus particulièrement sur le destin de l’Europe.

Dans une intervention prononcée lors d’un banquet républicain de Château-Chinon le 28 janvier 1995, il réaffirme sa foi en la construction européenne et invite ses successeurs à ne pas abandonner cet objectif :

« Une vie : ce n’est pas très long, elle se fixe sur certains points majeurs qui finissent par la dominer (….)

Le deuxième point, c’est l’Europe. Vraiment, j’exprime là mon souhait le plus profond (…) Je serais trop triste de voir mes successeurs abandonner cet objectif. Je ne parle pas simplement du prochain, mais des autres, même si je ne suis plus là pour le voir. Je saurai porter en moi-même cet espoir que d’autres générations avant nous ont reçu en héritage : il faut réussir l’Europe. Et on ne peut pas réussir l’Europe en ne faisant les choses qu’à moitié, en ménageant ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Il faut faire un choix catégorique et clair. C’est celui que j’ai fait lorsque j’ai proposé un référendum sur le traité de Maastricht qui n’était pas un traité populaire, qui était un traité à peu près illisible. Vous imaginez ce que c’est de traiter ce type de problèmes avec douze pays, de langues différentes, avec des mentalités, des usages, des coutumes, des traditions qui ne se rencontraient pas ? Il n’a pas été facile de faire admettre cela par les Français. Mais nous l’avons fait puisque nous l’avons emporté par 51 % des suffrages contre 49 %. Nous avons pris nos risques, car un référendum qui eût été manqué aurait entraîné des conséquences politiques considérables.  Et j’aurais été  en première ligne. Mais on l’a fait ! De même que nous avons fait le marché unique, de même que nous avons fait toute une série de traités et de conventions qui ont renforcé l’Europe. Je sais bien que ce n’est pas une panacée. L’Europe de demain sera difficile à vivre. Mais il serait plus difficile encore de vivre sans Europe, parce que chacun des pays de l’Europe serait alors assujetti à des intérêts plus lointains. Nous n’en avons pas fini avec le temps des empires, mais aujourd’hui, la puissance des empires s’exprime davantage par les moyens économiques que par les moyens militaires.

Alors garantissons-nous, tout en préservant ce que nous sommes. Aucun d’entre nous ne songe à abolir l’idée de patrie, mais je ne vois pas pourquoi on refuserait la solidarité, l’association et même la renonciation à certains aspects de la souveraineté dès lors que cela est nécessaire pour le bien commun.»

Gérard-David Desrameaux,

Président-fondateur du RCE

30/12/2011

BATIR UNE EUROPE DES PEUPLES ET DES CITOYENS

Editorial

 

L’Europe « fait la une » de la plupart des journaux, quotidiens, hebdomadaires et mensuels. Mais cette «une» n’est pas à son avantage. Les titres se suivent et se ressemblent, ainsi : «Europe, le sommet de la dernière chance», « Semaine cruciale pour l’Europe », « La semaine de tous les risques».

Les eurosceptiques qui n’attendent qu’une chose, à savoir que sonne le glas de l’Europe et que disparaisse cette union abhorrée et décriée peuvent bomber le torse et dire avec délectation : « On vous l’avez bien dit, nous avions raison, l’Europe est un projet voué à l’échec ».

Les nationalistes et les souverainistes de tous les pays haussent le ton. Ils se croient autorisés à proclamer la bonne nouvelle : l’Europe se meurt, l’euro sombre ! Voilà ce que semblent, en effet, entonner les plus farouches adversaires de la construction européenne.

Au lieu de cela, nous disons : « Peuples d’Europe, ressaisissez-vous, ne vous laissez pas dépossédés d’un projet qui est le vôtre et qui ne doit pas être dénaturé par ceux qui pensent « l’Europe » qu’en termes de marchés, de commerce, de concurrence, alors que l’Europe doit d’abord être celles de peuples unis, désireux de s’associer dans une démarche commune afin de compter aujourd’hui et demain sur la scène du monde.

L’Europe, c’est avant tout un projet de civilisation, un projet de société. Elle passe par des échanges et des liens culturels de plus en plus forts afin de cimenter ses bases et faire en sorte qu’elle bénéficie des atouts de sa diversité et non qu’elle subisse les désagréments de ses différences.

L’Union de l’Europe  ne saurait à cet égard s’accommoder du climat malsain qui se développe actuellement en son sein et accepter que des irresponsables s’en prennent, les uns aux Anglais, les autres aux Italiens, aux Grecs, aux Européens du sud, aux Allemands, voire aux Français.

Il y a là des relents de nationalisme qui ne sied pas à notre projet commun : bâtir une Europe des peuples et des citoyens.

François Mitterrand rappelait souvent que : « Le nationalisme, c’est la guerre ».

Puisse l’avenir nous épargner le retour des vieux démons, tout en sachant que le patriotisme, y compris un certain patriotisme européen, ne doit pas être confondu avec le nationalisme exacerbé que nous dénoncions en tant que facteur de fanatisme.

Un patriotisme européen qui ne serait pas porté à l’outrance permettrait sans doute de développer chez les peuples d’Europe le sentiment d’appartenir à cette communauté de destin que nous appelons de nos vœux et de forger une identité sans laquelle rien de sérieux ne se construit.

En un temps où de grands ensembles émergent et où s’édifient des Etats-continents, l’Europe ne peut demeurer une simple zone d’échanges et de circulation car c’est son existence-même qui risquerait à terme d’être compromise.

Un juste équilibre doit dès lors être recherché : forger une puissance européenne dotée d’une identité, de principes et de valeurs sans pour autant sombrer dans les excès d’un nationalisme outrancier qui serait dévastateur pour la France, l’Europe et le Monde.

 

Gérard-David Desrameaux,

Président-fondateur du RCE

 

22/08/2011

CRISE DE LA DETTE : REFORME,RIGUEUR,EQUITE

 Editorial

 

Depuis la faillite de la banque « Lehman Brothers » et la crise financière de 2008, l’économie mondiale n’a pas cessé de vivre dangereusement au bord d’un précipice redoutable.

Hier, le doute portait sur les banques. Désormais, il porte sur les Etats. La crise ne cesse de se développer et chaque jour apporte son lot de nouvelles alarmistes mettant les marchés, les opérateurs, les agences de notation, les spéculateurs, en d'autres termes, tous ces nouveaux dieux de la scène mondiale dans un état de transe, aggravant ainsi la crise, compromettant, ce faisant, la consommation, le financement des entreprises, autrement dit, la reprise.

Or, face à cela, les Etats semblent particulièrement démunis. On l’a vu hier aux Etats-Unis avant et après l’annonce de la dépréciation de la note de cette puissance par l’agence Standard & Poor’s. De même, on constate, aujourd’hui, une certaine impuissance de la zone euro à trouver une solution acceptable par tous les Etats.

Paris et Berlin viennent de faire savoir qu’ils ne sont pas favorables à la mutualisation des dettes européennes. L’idée souvent émise au cours des derniers mois de créer des « eurobonds », la chancelière, Mme Merkel, s’y montrant depuis le début hostile,  n’est certes plus totalement exclue mais n’apparaît  comme étant possible aux yeux des dirigeants français et allemands actuels qu’au terme d’un long processus d’intégration et d’harmonisation des politiques de l’ensemble de la zone euro.

Faut-il y voir un signe de bon sens ou plutôt un signe d’absence de volonté politique et d’engagement fort de la part de ces deux pays dans un projet sérieux, crédible de construction européenne ? La question mérite assurément d’être posée.

Le Fonds de stabilisation financière (FSF) est certes une excellente initiative mais il y a urgence et il est nécessaire d’accélérer sa mise en place et de le doter de moyens nettement supérieurs eu égard à sa mission et en l’absence regrettable, à mon sens, d’ « eurobonds » (d’euro-obligations) dont la création aurait été un signal fort, en l’entourant bien évidemment de conditions strictes imposées aux Etats emprunteurs.

L’idée de taxer les transactions financières est une autre bonne idée, mais au-delà des intentions, il faut désormais passer aux actes et accélérer le processus.

Evoquer une gouvernance économique de la zone euro, autre idée que nous défendons depuis des années est une autre bonne idée mais elle ne saurait se limiter en tout et pour tout à deux réunions annuelles des chefs d’Etat et de gouvernement sous la présidence du conseil européen, M. Von Rompuy. Ce serait dérisoire et dépourvu de toute efficacité alors qu’il faut anticiper et être particulièrement  réactif.

Aujourd’hui, les Etats sont, me semble-t-il, en droit d’exiger du secteur privé et notamment bancaire plus de bienveillance et de coopération.

Il est temps, en effet, que la politique fasse prévaloir  son autorité sur celle des seuls marchés dont le pouvoir ne saurait être absolu sans porter gravement atteinte au concept d’intérêt général et tout simplement à l’autorité des Etats.

Les manifestations contre les inégalités sociales s’étendent dans nombre de démocraties. Des indignés se font entendre en Grèce, en Espagne, en Italie, en Israël.  Après le printemps arabe connaîtrons-nous un automne des démocraties occidentales ?

Les plans de rigueur, l’absence d’espoir et le sentiment que l’injustice progresse sont autant d’éléments qui sont de nature à dégrader le climat social et au-delà la stabilité de nombre de pouvoirs. Les pouvoirs publics, précisément, seraient bien inspirés d’en tenir compte.

Il ne saurait y avoir de solution permettant une authentique sortie de crise sans que ne soit pris en considération des notions d’équité et de juste répartition dans l’effort demandé à tous et à chacun dans le cadre des plans de rigueur élaborés ou en voie de l’être.

L’injustice, non seulement ressentie mais vécue, interpelle tous les dirigeants au-delà de leurs sensibilités politiques.

L’équité et la recherche d’un certain équilibre doivent être au centre de la question de l’effort qui sera demandé à l’ensemble des peuples, victimes de la dette.

On ne pourra, en effet, demander des efforts supplémentaires en l’absence de signes forts prouvant que la charge du fardeau est équitablement répartie entre ceux qui peuvent le plus et ceux qui peuvent le moins. Mais il faut ajouter et insister sur le fait que même cette recherche d’équité s’avèrerait vaine et donnerait l’impression que l’on remplit un puits sans fond si l’on ne procédait pas dans le même temps à une refonte en profondeur d’un système économique, monétaire et financier qui a montré ses limites et les conséquences dramatiques qu’il peut engendrer pour les Etats comme pour les particuliers.

Réforme, rigueur et équité doivent être les mots clés des temps qui viennent.

C’est à ce prix et à ce prix seulement que les hommes politiques ayant le sens de l’Etat pourront en appeler à la sueur, au sang et aux larmes à l’instar d’un certain Sir Winston Churchill !

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE