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10/04/2017

LA FRANCE, L'EUROPE,LE MONDE (suite)

Troisième texte

III La France

Au sein de l’Europe, la France, l’un des six pays fondateurs, n’est hélas pas à l’abri de ce mouvement de défiance.

L’euroscepticisme et plus encore l’europhobie atteignent dans notre pays des proportions inquiétantes.

Depuis le référendum de 2005, la suspicion à l’égard du projet européen n’a pas cessé de progresser au point que certains évoquent désormais la possibilité d’un frexit.

Force est de constater que notre pays a cessé d’être à l’avant-garde du projet européen depuis plusieurs années.

Le thème de l’Europe n’occupe pas une place de choix dans les programmes des différents partis et candidats.

Le thème n’étant plus à la mode, les institutions étant souvent montrées du doigt par ceux qui devraient les défendre, beaucoup se montrent particulièrement discrets et timides.

Dans la discussion qui va suivre et qui devrait s’articuler autour des propositions des candidats à l’élection présidentielle et des moyens susceptibles de contrer l’évolution négative qui vient d’être décrite nous allons devoir faire un autre constat : les candidats qui se montrent franchement favorable à l’Union européenne ne sont pas légion et pour la première fois peut-être pour ce type d’élection les détracteurs de l’Europe et partisans du souverainisme seront majoritaires.

Ainsi, on observe, et ce n’est pas un euphémisme, une franche hostilité de Marine le Pen qui ne cesse de vilipender en toute circonstance l’Union et prône en fait ni plus ni moins la sortie de la France non seulement de la zone euro mais de l’Union européenne elle-même.

Ses arguments hélas sont percutants car ils relèvent de la démagogie pure et il est difficile pour les pédagogues de faire entendre raison à des électeurs victimes d’un discours populiste et désormais attrape-tout.

Le discours de Jean-Luc Mélenchon, même si ce dernier s’en défend, est à peine moins favorable à l’Europe que celui de Marine Le Pen, puisqu’il n’hésite pas à prôner la sortie de l’Union si on ne peut changer les traités dans le sens de ce qu’il préconise.

Les discours souverainistes sont confortés par un candidat comme Dupont-Aignan.

Idem, s’agissant de ceux de M. F. Asselineau, candidat anti-Europe, anti-euro et anti-Otan à l’instar du candidat Cheminade

Le terreau est favorable à ce type de discours et de fait les projets des candidats Fillon et Hamon semblent timides et insuffisants au regard de ceux qu’il faudrait tenir pour redonner aujourd’hui du sens et du tonus au projet européen.

S’agissant du discours d’Emmanuel Macron, il est à l’évidence celui qui est le plus favorable à l’Union européenne. En cela, il est proche du discours développé par les centristes, démocrates sociaux et chrétiens et par des socialistes comme François Mitterrand ou Jacques Delors. Pour autant, là encore on est en droit d’attendre plus de souffle et l’esquisse d’un projet audacieux pour relancer la dynamique européenne et surtout pour rapprocher les citoyens de l’Europe.

Dans la perspective d’un éventuel duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, eu égard à ce qui vient d’être dit, à la tonalité ambiante du discours, à la nature du débat, au rejet de la classe politique, les risques sont importants, même s’ils ne sont pas certains, de voir se réaliser une conjonction des arguments de tous les souverainistes.

S’agissant de la France, toujours, il y a lieu de prendre conscience de la nécessité de faire évoluer nos institutions dans le sens des propositions formulées dans mon dernier livre publié en novembre 2016 Refondons nos institutions, d’une monarchie républicaine à une démocratie républicaine. Car il est en effet désormais urgent de comprendre qu’il faut sortir du camp contre camp, du clan contre clan et de développer un pluralisme effectif afin de dégager des majorités d’idées, des majorités de projet permettant de contourner les obstacles qui se dressent sur le chemin de ceux qui veulent défendre un projet européen plus affirmé et plus ambitieux.

A l’évidence, il faut dépasser le clivage entre la droite et la gauche, s’agissant de la politique européenne de notre pays et fédérer les pro-européens de tous bords qu’ils aient une vision plus ou moins libérale ou plus ou moins sociale du projet, sachant que nos adversaires nous désigneront de mondialistes en espérant que ce terme aura une connotation péjorative dans l’esprit des citoyens.

Il faut leur opposer notre volonté, notre détermination à faire vivre une Europe puissance, c’est-à-dire une Europe dotée des instruments de la souveraineté, tout le contraire d’une Europe qui ne serait qu’un espace et qui serait une structure invertébrée.

S’agissant de l’avenir de l’Europe, cela fait des années que nous prônons une Europe des trois cercles, voire une Europe à plusieurs vitesses comme viennent de l’envisager encore timidement les dirigeants de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne.

En tout état de cause, il convient d’établir une véritable différence entre l’euro groupe qui doit aller beaucoup plus loin en matière d’intégration, notamment grâce à une harmonisation fiscale et sociale programmée selon un calendrier précis comme le proposait l’ancien président de la république Valéry Giscard d’Estaing dans son dernier livre Europa, la dernière chance de l’Europe publié quelques mois après la sortie de mon livre  Pour une Europe souveraine.

Dans ce livre, je faisais une fois de plus l’éloge d’une Europe puissance, c’est-à-dire d’une Europe dotée des instruments de la souveraineté et j’insistais sur la nécessité de donner un nouveau souffle et une nouvelle ambition au projet européen.

Désormais, le temps presse.

Est-il encore possible de sauver l’Europe ?

Nous le croyons, mais il faut faire preuve d’imagination et transmettre le flambeau de notre idéal qui est aussi celui de nos pères aux générations qui montent et vont accéder aux responsabilités.

Une certitude doit être rappelée : Il n’y aura pas d’Europe sans la France et si la France est bien notre patrie, l’Europe est notre avenir, donc l’avenir de la France, notre pays.

Gérard-David Desrameaux

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