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09/04/2017

LA FRANCE, L'EUROPE, LE MONDE

 

Le 15 mars 2017, le Rassemblement Civique pour l’Europe a organisé une réunion débat, à quelques jours du soixantième anniversaire de la signature du traité de Rome. Nous reproduisons ci-dessous l’exposé introductif de son président Gérard-David Desrameaux.

*Eu égard à la longueur de cet exposé, celui-ci est reproduit en trois textes distincts.

Premier texte

Le titre retenu pour cette réunion-débat, la France, l’Europe, le monde, peut certes paraître ambitieux. Pour autant, il correspond bien me semble-t-il à l’approche que nous devons avoir à la veille des futures élections qui se dessinent à notre horizon tant en France qu’en Allemagne, sans oublier les Pays-Bas dont les électeurs se prononcent aujourd’hui même.

Nous sommes à la veille d’échéances majeures, sinon décisives, pour l’ensemble des peuples d’Europe et ce, à la veille d’un anniversaire important.

Le 25 mars prochain, en effet, l’Europe fêtera ses soixante ans, c’est-à-dire le soixantième anniversaire du traité de Rome.

Aujourd’hui, plus que jamais, il n’est pas faux de dire que l’Europe est au carrefour de son destin et que son avenir dépendra largement des choix que les peuples d’Europe feront au cours des prochaines semaines, notamment en France (élection présidentielle et élections législatives) et au cours des prochains mois en Allemagne (élections législatives et en février 2018 en Italie).

Parler de la France, de l’Europe et du monde va nous conduire en fait à inverser l’ordre d’examen des questions.

Il convient en effet de situer la France dans son environnement international puis européen avant d’en venir à la situation spécifique de la France.

Autrement dit, nous allons d’abord nous pencher un instant sur la situation du monde avant d’examiner celle de l’Europe puis celle de la France. Cette approche nous conduira à faire un constat : la nécessité de donner un nouveau souffle.

L’Europe est menacée à terme d’une dislocation véritable si nous ne sommes pas capables de prendre l’exacte mesure de la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

La France, l’Europe, le monde sont aujourd’hui confrontés à un certain nombre de défis majeurs et nous sommes en droit de nous interroger sur la capacité des dirigeants et des acteurs politiques notamment à anticiper les événements et à contrer la venue d’éléments indésirables dans le processus d’évolution vers un avenir meilleur, autrement dit vers un monde plus harmonieux et pacifié, une Europe plus efficace et une France plus ambitieuse et responsable.

 

I Le monde

Un monde incertain, dangereux, inorganisé

Nous observons une série de problèmes et de litiges non traités.

Une incapacité à appréhender les problèmes et à trouver les solutions les plus efficaces et les plus adaptées.

Un monde qui se militarise

Les budgets militaires sont en hausse à peu près partout depuis plusieurs années (sauf en Europe, même si récemment, certains semblent prendre conscience de l’urgence pour les Européens de prendre une plus grande part dans l’effort de défense, surtout depuis les propos agressifs du président Trump). Nous reparlerons de ce problème quand nous aborderons les problèmes spécifiques à l’Europe.

Le président Trump a ainsi annoncé une hausse de 54 milliards de dollars du budget de la défense des Etats-Unis en 2018, le budget passant de 583 milliards en 2017 à 637 en 2018.

La Russie, de son côté, augmente également considérablement son budget et n’hésite pas à se lancer dans des opérations militaires et à occuper par la force des territoires en Ukraine, ou à en annexer d’autres, la Crimée notamment, ou à s’impliquer dans des conflits comme en Syrie.

Ce faisant, elle tend à reconquérir une place de grande puissance sur la scène mondiale ayant vécu comme une humiliation l’effondrement de l’empire soviétique et l’entrée au sein de l’OTAN de plusieurs des anciens satellites de l’Union soviétique voire de l’entrée au sein de l’Union européenne de certains de ces mêmes Etats.

Souvenons-nous à cet égard des propos tenus il y quelques années par Vladimir Poutine.

Nous sommes donc aujourd’hui confrontés à une politique agressive de la Russie et nous ne pouvons faire abstraction de cet état de chose.

La Turquie, membre de l’Otan, allié potentiel de l’Occident et des Etats-Unis entretient un jeu pour le moins inquiétant avec la Russie et se permet de lancer des attaques inadmissibles et intolérables à l’égard de plusieurs pays européens tout en faisant pression sur l’ensemble de l’Union quant aux flux migratoires.

La Suède réintroduit le service militaire en raison de la menace russe. Les pays Baltes s’inquiètent. Des provocations sont désormais fréquentes (violations des espaces aériens et maritimes).

Les bruits de bottes se font une fois encore entendre.

Les conflits sont légion.

Des Empires qui tentent de se reconstituer pour les uns et de s’étendre pour d’autres.

Des pouvoirs aux accents populistes qui s’installent ici ou là aux quatre coins du monde et qui accèdent au pouvoir, et ceci est important, avec l’onction du suffrage populaire.

Des nationalismes qui se développent. Des nationalismes dont il n’est pas exagéré de les qualifier d’exacerbés.

La peur de l’étranger, de celui ou de celle qui est différent se développe.

Cette peur étant accentuée par certaines politiques incohérentes, voire parfois angéliques.

Une montée en puissance de nouvelles formes de protectionnisme, favorisées aussi parfois, il faut bien le reconnaître et l’admettre, par des mesures et comportements qui ne permettent pas d’assurer la protection de nombre de citoyens qui ont le sentiment et parfois pas uniquement le sentiment d’être lésés et d’être les laissés-pour-compte de la mondialisation.

Ces situations sont aggravées par différents facteurs :

Un défaut d’explication ;

Une pédagogie déficiente ;

Des peurs et des angoisses qui s’additionnent et se confortent mutuellement.

Celles-ci s’expliquent.

Elles sont souvent légitimes même si elles ne sont pas toujours rationnelles et justifiées dans les faits.

De mauvaises réponses sont apportées :

Le repli sur soi ;

Le rejet de l’autre ;

La xénophobie ;

La fermeture des frontières ;

Des crises identitaires qui se propagent ;

Une agressivité toujours plus grande ;

Des conflits toujours plus nombreux, comme il a été dit précédemment.

Des solutions devraient pouvoir être proposées :

Un monde mieux organisé.

A ce propos, je voudrais insister sur un point : le phénomène de la désorganisation du monde – à supposer que le monde ait été organisé un jour – n’est pas un phénomène nouveau.

Dans un livre précédent publié en 2005 Pour une Europe puissance dans un monde plus ordonné qui comprenait de nombreuses chroniques consacrées à l’Europe et à la situation internationale publiées au cours des années précédentes, j’avais mis l’accent sur ce monde instable et imprévisible dans lequel nous nous trouvions et sur l’impérieuse nécessité précisément d’en appeler à la construction d’une Europe puissance pour permettre à l’Europe de compter sur la scène du monde.

Les titres de certaines de ces chroniques sont révélateurs du climat qui régnait alors à la fin du vingtième siècle. Ainsi, en juin 1993 : « Repenser le monde », en juillet 1993 : « Redéfinir le rôle de l’ONU », en juillet 2014 : « Pour de vraies nations unies », en mai 2015 : « L’ONU, un objectif à atteindre ».

Dans cet article, en particulier, après avoir rappelé la teneur du préambule de la charte des Nations Unies et dit tout le bien qu’il fallait penser de cette institution et des principes affirmés, je faisais le triste constat de l’existence d’un fossé, je parlais même d’abîme entre ces principes et la réalité vécue par un monde toujours victime de ses erreurs et de ses divisions.

Plus de vingt ans plus tard, hélas, les choses n’ont guère progressé. Le monde est toujours aussi instable et sujet à des convulsions redoutables.

Une redéfinition du rôle et des missions de l’ONU s’avère nécessaire.

Une redéfinition surtout des principes qui sont à l’origine de cette institution qu’il faudrait inventer si elle n’existait pas.

Pour autant, il faut la doter de pouvoirs effectifs et plus coercitifs, mais nous savons que ce souhait se heurte au sacro-saint principe de la souveraineté des Etats et que cela n’est pas sans poser un problème majeur : comment dépasser cet obstacle ?

Le journal Le Monde, à la fin de l’année dernière, indiquait à propos de l’ONU et de la Syrie, notamment :

« L’ONU, cinq ans d’impuissance face au chaos syrien », avant d’ajouter : « Le bilan de Ban Ki-Moon est jugé mitigé au moment où il quitte le secrétariat général de l’ONU. »

L’ONU à l’épreuve de la tragédie syrienne. Les veto répétés de la Russie ont paralysé le Conseil de sécurité et vidé l’institution de sa substance. »

Le même journal poursuivait : M. Antonio Guterres promet de réformer les Nations Unies. Nouveau secrétaire général de l’ONU, M. Guterres, Portugais, doit faire face à une situation difficile pour l’ONU. »

Le temps passe, mais nous le voyons les choses n’avancent que lentement

 

                                                                                                             A suivre

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