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25/06/2022

POUR UNE AUTRE GOUVERNANCE

 

Editorial

 

 

 

Depuis des décennies, je mets l’accent sur la nécessité de changer fondamentalement notre façon d’appréhender la politique dans notre pays.

 

A travers trois essais, Esquisse d’une démocratie nouvelle, pour une éthique en politique, Refondons nos institutions, d’une monarchie républicaine à une démocratie républicaine et De l’alternance au partage du pouvoir, faut-il en finir avec nos modes de scrutin ? , publiés respectivement en 2007, 2016 et 2017 ainsi qu’à travers de nombreux articles publiés sur deux sites, j’ai fait un certain nombre de propositions de nature à remédier à une situation préoccupante de l’état de notre démocratie.

 

Or, la dégradation de celle-ci s’est poursuivie au cours des dernières années.

 

Dans le contexte actuel, il me paraît utile d’en appeler à une autre gouvernance s’inspirant de nombre de propositions formulées dans les essais et écrits précités ainsi que du projet de Constitution que j’ai élaboré en 2016 et publié dans Refondons nos institutions car aujourd’hui comme hier, il me semble qu’elles permettraient à nos institutions d’évoluer favorablement vers un régime présidentiel jumelé à une revalorisation de notre Parlement grâce à une meilleure représentativité et à une atténuation du parlementarisme rationalisé en vigueur dans notre pays depuis le début de la Ve République.

 

La crise de la démocratie dite représentative n’est pas assez prise en compte par les différents acteurs politiques et ceci est particulièrement regrettable car ce manquement peut avoir des conséquences dramatiques sur l’avenir des trop rares démocraties existant à travers le monde.

 

Invoquer le recours à une démocratie dite participative ne suffit pas, ne suffira pas à remplacer le sentiment de vivre sous une forme de pouvoir délégitimé.

 

La démocratie dite participative n’est pas d’autre part la réponse adaptée aux maux de notre temps. Il est illusoire de vouloir contourner un défaut de représentativité par l’érection d’assemblées faussement démocratiques qualifiées d’assemblées participatives substituant une prétendue démocratie participative à nos assemblées représentatives.

 

A cet égard, il est regrettable qu’à la veille des élections législatives des12 et 19 juin 2022, alors que la campagne électorale était sans relief, que les débats semblaient proscrits, que les propositions étaient dérisoires, que les enjeux électoraux étaient mal définis et que les intentions de participer au vote étaient particulièrement basses, en d’autres termes que la démocratie représentative n’était absolument pas mise en valeur, on ait annoncé la création d’un Conseil national de la refondation aux contours imprécis qui ne saurait légitimement se substituer à la seule légitimité reconnue au peuple souverain et à ses représentants.

 

S’agissant de la défiance des Français à l’égard de la démocratie, Le Figaro du 15 avril 2022, évoquant un récent sondage réalisé par le Cevipof, rappelait que les Français exprimeraient leur besoin d’une refondation démocratique, 57% d’entre eux estimant que la démocratie ne fonctionne pas bien.

 

Le même jour, dans le même journal, un éditorial de M. Vincent Trémolet de Villers s’intitulait : « Urgence institutionnelle ».

 

Le Monde du 28 avril 2022 titrait : « Macron au défi du renouveau démocratique »

 

Après autant de décennies où l’accent a été mis de façon récurrente sur la crise de nos institutions et plus encore sur le divorce entre les Français et une certaine façon de faire de la politique par une partie de la classe politique on ne peut qu’exprimer le vœu que le sujet soit véritablement traité comme il se doit si nous voulons éviter que dans un avenir proche des voies radicales nous mènent vers des solutions dangereuses pour l’avenir même de la démocratie.

 

Au lendemain des élections législatives, nombre de journalistes et commentateurs adeptes des combats binaires et des discours de guerre civile ont jugé que la France était devenue ingouvernable.

 

Il me semble que nous devons plutôt profiter de la nouvelle donne, l’existence d’une majorité relative se substituant à une majorité absolue pour faire émerger une culture du consensus par la constitution de majorités d’idée, de majorités à géométrie variable comme nous le préconisons depuis longtemps.

 

La démocratie, c’est aussi et surtout l’art du compromis.

 

Gérard-David Desrameaux

 

 

 

02/12/2019

L'Europe et l'OTAN face à la montée des périls

Editorial

 

Partout, à travers l’Europe, se développent des forces politiques qui agitent des peurs et prônent des replis identitaires. Partout, une vision claire et positive de l’avenir de notre continent peine à se dégager.

Grande puissance économique et commerciale, l’Union européenne balbutie toujours sur le plan de la politique étrangère et de la défense. Nous le savions depuis longtemps mais nous pouvions légitimement espérer une prise de conscience quant à la nécessité de changer la donne et d’inverser le cours des choses. Or, il n’en est rien.

Le monde change, bouge dangereusement et l’Europe paraît comme tétanisée et impuissante à prendre l’exacte mesure de la gravité de la situation et de la montée des périls.

L’OTAN, de son côté, connaît assurément une crise majeure. Est-il, en effet, concevable, acceptable, admissible que la deuxième armée de cette organisation en termes d’effectifs, l’armée turque, pour la nommer expressément, puisse agir comme elle vient de le faire récemment en Syrie à l’encontre des Kurdes qui furent nos alliés dans la guerre contre Daech ?

Est-il acceptable que le même pays achète un système de défense anti-missiles S400 à la Russie tout en demeurant membre de l’OTAN ?

Est-il possible que les dirigeants de ce pays fassent pression comme ils le font sur des peuples appartenant à la même alliance en les menaçant et en les couvrant d’invectives ?

Oui, assurément, l’OTAN, à supposer qu’elle ne soit pas tout à fait en état de mort cérébrale, la formule est peut être un peu excessive, semble atteinte dans sa substance alors même qu’elle fête cette année ses soixante-dix ans.

Il ne faut pas s’en réjouir. Elle a été incontestablement un facteur d’équilibre, au temps de la guerre froide, notamment, mais force aujourd’hui est de constater qu’il faut au minimum redéfinir son cadre, ses missions et revoir sa composition.

Quid, dans le même temps des opinions et jugements émis par les dirigeants des principaux Etats membres de l’OTAN  à l’égard de cette organisation? Le président Trump n’a-t-il pas parlé d’organisation obsolète en évoquant cette structure il y a déjà quelques mois, alors même que la chancelière Angela Merkel dénonce pour sa part les mots drastiques et les propos intempestifs du président Macron ? La présidente de la Commission européenne ne vient-elle pas également de son côté de prendre ses distances avec les propos du Président de la République ?

Pourquoi, les Européens, demeurent-ils aussi réservés à l’égard du projet d’Europe de la défense souhaitée par le Chef de l’Etat qui serait de nature à rendre plus crédible le concept même d’une Europe souveraine lui permettant d’être davantage maîtresse de son destin ?

Ceux qui croyaient, qui croient encore, qui croiront toujours en l’affirmation d’une Europe puissance ne peuvent aujourd’hui que faire ce terrible constat : l’absence de l’Europe sur la scène politique mondiale est quelque chose d’affligeant et montre les limites de l’action des femmes et des hommes responsables qui avaient à cœur de prendre la défense d’un grand projet.

On ne peut se satisfaire d’une telle situation. L’absence d’une Europe politique avec tout ce que cela implique affaiblit chacune des nations composant l’UE et outre le fait qu’elle annihile notre ambition de jouer un rôle moteur dans le règlement des conflits mondiaux, elle nous met gravement en situation de faiblesse par rapport à des puissances secondaires mais qui ne connaissent que le langage de la force et de l’invective.

 

Gérard-David Desrameaux

 

26/02/2019

L'état de l'Europe à la veille d'échéances décisives

Editorial

 

L’Europe affiche une division dramatique face à la montée en puissance des nationalistes qui rêvent de détricoter le projet européen. Aussi, est-il difficile d’aborder avec sérénité l’échéance des prochaines élections européennes qui se profilent à l’horizon.

Comment ne pas s’inquiéter, en effet, une fois de plus, devant le triste spectacle qui s’offre à nous, à savoir celui de constater que les formations politiques sont toujours incapables de désigner de grandes voix européennes susceptibles de fixer un cap et de réveiller des consciences assoupies ?

Seules, celles qui entendent faire le procès de l’Europe semblent vouloir hausser le ton et prêtes à croiser le fer.

Une fois de plus, le rendez-vous incarné par le scrutin du mois de mai prochain ne doit pas se caractériser par des batailles politiciennes sans envergure et sans perspective.

En revanche, il est indispensable de proposer aux peuples d’Europe un projet d’avenir, un plan, une vision de l’Europe qui puisse galvaniser les énergies et montrer en quoi un projet européen crédible est une absolue nécessité.

Pour arriver à un tel résultat, sans doute, faut-il prendre davantage en compte les aspirations de nos peuples et entendre leurs voix, si ce n’est leur voix.

Les angoisses sont grandes et les inquiétudes sont légion chez nombre de citoyens d’Europe face à des lendemains qui ne sont pas toujours réjouissants compte tenu de l’état du monde, de ses divisions et de ses crispations pour ne pas dire plus.

Or, à force de ne pas entendre les appels des peuples d’Europe à plus de sécurité, plus de considération, plus d’estime, ceux-ci sont trop souvent tentés de répondre aux sirènes des populistes et des démagogues qui surfant sur les peurs et craintes souvent légitimes de leurs concitoyens entonnent les vieux refrains des nationalistes de toujours.

Ce faisant, ces derniers attisent les haines, désignent l’autre, l’étranger, celui d’en face comme l’ennemi, le responsable de leurs échecs et sèment peu à peu les graines de la discorde et de la désunion.

Dans la perspective des élections européennes, le Chef de l’Etat semble moins enclin à s’en tenir au seul duel entre progressistes et nationalistes et semble désormais davantage vouloir pourfendre une Europe devenue « trop ultra-libérale ».

La distinction antérieure entre nationalistes et progressistes était indiscutablement trop binaire et faisait fi des nuances diverses et variées qui composent l’échiquier politique européen et il est particulièrement sain de le reconnaître et de l’admettre.

Le débat doit être clair et loyal et permettre de dessiner l’esquisse d’un projet européen à la mesure des espérances des peuples d’Europe qui doivent avoir la force de caractère de contenir et peut-être de réduire les poussées identitaires et populistes qui font le jeu des forces hostiles à l’émergence d’une grande puissance sur la scène du monde : l’Europe.

Gérard-David Desrameaux

 

Gérard-David Desrameaux