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02/02/2016

Hommage à une avocate de la cause européennne

J’ai suffisamment dénoncé depuis de nombreuses années le manque de courage et de volonté en faveur du projet européen de la part des femmes et hommes politiques pour ne pas rendre ici hommage à une femme de conviction, Madame Marielle de Sarnez, qui vient, dans le cadre du Club de la Presse d’Europe 1 du 28 janvier 2016, de mettre en avant un certain nombre d’idées que nous partageons pour l’essentiel.

C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité reproduire certains passages de cette intervention, à savoir ceux reproduits par le Mouvement démocrate sur son propre site, même si je dois constater que la bande son était plus percutante et le message plus complet et convaincant (notamment sur l’Europe des trois cercles préconisée par François Mitterrand et le fait qu’il n’y avait plus de président de la République vraiment européen depuis la disparition de ce dernier).

Gérard-David Desrameaux

 

 Extraits de l’intervention de Mme Marielle de Sarnez lors du Club de la Presse d’Europe 1 du 28 janvier 2016

Schengen 

"Il y une irresponsabilité de l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement qui est consternante. Aucune anticipation, aucune stratégie politique, aucune vision pour la gestion des réfugiés et des migrants qui sont deux gestions qui devraient avoir une réponse différente, or on a mêlé les deux. Donc, aujourd’hui la commission européenne pointe du doigt la Grèce qui lui explique qu’elle n’a pas fait son travail et qu’alors ils vont sortir de Schengen. Si on considère que Schengen existe à ce moment-là la frontière de la Grèce ce n’est pas seulement la frontière de la Grèce. C’est la frontière de l’Union européenne. Et les responsables de cette frontière qui doivent faire en sorte qu’elle soit contrôlée afin de pouvoir réguler sont les chefs d’Etat qui composent l’Union européenne. Sinon, l’Union Européenne va se défaire. Jamais les défis n’ont été aussi lourds de toute l’histoire européenne : la crise migratoire, la crise des réfugiés, et on peut y ajouter le Brexit, le Grexit. Nous n’avons jamais autant attendu de réponses de l’Europe car, en effet, cela ne peut être que des réponses européennes. Nous ne pouvons pas avoir uniquement que des réponses nationales sur ces questions. Il faut évidemment contrôler les frontières mais cela doit être une responsabilité partagée par tous les membres de l’Union Européenne. Comment voulez-vous que les grecs fassent front tous seuls ?

De plus, nous ne pouvons pas déléguer la gestion de nos frontières aux Turcs. Nous devons avoir des gardes côtes aux frontières européennes et les contrôler comme toutes les grandes puissances du monde. Il faut aussi réguler le flux des réfugiés politiques et regarder qui peut éventuellement prétendre au droit d’asile. L’Europe doit accueillir des réfugiés mais cela doit se faire correctement sinon ce sont les réfugiés qui vont le payer encore plus. Les pays du monde entier doivent accueillir des réfugiés, pas seulement l’Europe.

Le problème est que les chefs d’Etat annoncent ce qu’ils vont faire mais n’agissent pas et ne prennent pas de décisions. Avant, il y avait un axe franco-allemand qui était un moteur, or il n’existe plus. François Hollande et Angela Merkel sont pris dans des querelles et des questions intérieures.

Nous n’avons jamais eu autant de scepticisme envers l’Europe et de populisme mais ces gens-là savent au fond que les réponses ne peuvent être qu’européennes. Ils attendent des réponses au niveau européen. Ce n’est pas si compliqué de mettre près de 2000 à 3000 personnes pour protéger les frontières, d’envoyer plus de 3 ou 4 bateaux pour surveiller les frontières, que ce n’est pas à la Turquie de surveiller nos frontières, d’harmoniser la politique du droit d’asile et de réformer la convention de Dublin.  Je suis allée voir dans les camps de réfugiés et il me semble qu’il est possible de faire les demandes d’asile dans ces mêmes camps plutôt que de le faire une fois sur le territoire européen et ainsi risquer la vie de leurs enfants. Il faut aussi régler la crise de la Syrie. Il faut doter Frontex d’un réel budget  et chacun des pays membres de l’union européenne doit y contribuer. Le seul contrôle des frontières n’est pas la solution unique.

La France doit prendre sa part de responsabilité et doit être à l’initiative. Or, ce n’est pas le cas.  Nous pouvons agir !"

Le Brexit

« Il ne faut pas céder au chantage des Britanniques. Cameron joue avec tout ça, en disant :

« Vous allez voir ce que vous allez voir ». Écoutez on a qu’à voir. Les anglais ont fait défaire l’UE depuis des années, si ils veulent partir qu’ils partent. Je ne dis pas que je suis pour. Je dis que si ils veulent partir qu’ils partent. Il y a un moment où il faut qu’ils acceptent le jeu, la règle, des solidarités. On ne peut pas être dehors et dedans. »

L’Union Européenne et l’élargissement

« D ‘autre part je pense que la question de l’élargissement est une vraie question. Ce qui manque dans l’Europe, c’est que les citoyens ne se sentent pas au fond partenaires de ce qui se passe, ils ne voient pas la démocratie.

Il faut une Europe avec des cercles et d’ailleurs pourquoi pas mettre un jour la Turquie dans un cercle plus large qui soit le cercle d’un marché ou du commerce. Mais pas dans l’Union Européenne.

Plus personne ne porte de projets, plus personne n’a de vision. Quand ni la France, ni l’Allemagne ne portent un projet c’est lourd pour l’Union européenne.

Il faut une zone euro renforcée, c’est à dire qu’il faut de l’intégration européenne dans le cadre d’une zone euro. C’est logique de le faire avec les pays qui ont une monnaie commune. On a fait la monnaie sans faire la coordination du reste.

Si on pouvait claquer des doigts pour que ça se passe, je vous dirais claquons des doigts. Je crois que nous avons raison de penser cette construction comme un noyau dur qui doit aller vers davantage d’intégration fiscale, économique, sociale. Ça ne se fait pas parce qu’il n’y a pas la volonté de le faire, ça ne se fait pas parce qu’à 28 on a du mal à décider. 

L’Europe, c’est éternel, et l’Union Européenne existera parce que dans la réalité des choses on ne pourra répondre à un seul des problèmes dont nous avons parlé tout à l’heure si on ne le fait pas ensemble. Imaginez qu’on puisse séparément régler les problèmes des guerres, des flux de migrants, des déstabilisations, des flux de réfugiés, de la crise de confiance économique et sociale sans faire les choses ensemble, c’est raconter des histoires.

Il y a un manque de courage et de vision. La vision est à court terme, personne ne regarde ce qu’on peut faire dans 6 mois, un an. Il n’y a pas d’anticipation, on ne prévoit pas les choses. On ne porte pas de projets. »