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06/05/2012

L'EUROPE BOUC EMISSAIRE

Editorial

L’Europe a été montrée du doigt. Le concept d’Europe a été mis à mal au cours des derniers mois.

Ce n’est pas nouveau. Depuis des années déjà, l’Europe bouc émissaire est au cœur des débats franco-français et livrée à la vindicte de tous les eurosceptiques et des souverainistes de tous bords qui font porter  à la seule Europe institutionnelle, à l’Europe de Bruxelles comme ils disent, la responsabilité de la crise, crise financière, économique, monétaire et finalement sociale.

Il faut regretter et dénoncer le silence de nombre d’avocats de la construction européenne qui n’ont pas plaidé avec éloquence la cause du projet européen et n’ont pas cherché à éclairer celles et ceux qui étaient envahis par le doute.

Trop de politiques, voire de candidats à la magistrature suprême, ont vilipendé l’Europe et ont adopté un profil bas, s’associant ainsi par leur silence ou leur ton mesuré à tous ceux qui pourfendent l’Europe et confondent les choix économiques de certains financiers ultra libéraux avec l’idéal européen.

Certains ont à juste titre dit que l’Europe ne pouvait être uniquement celle de la rigueur, voire de l’austérité, mais qu’elle devait être aussi celle de la croissance. Cependant, trop souvent ils ont donné l’impression de rendre l’Europe responsable en tant que telle de la crise que les peuples d’Europe subissent  car ils n’ont rien dit ou fait qui soit de nature à rassurer ces peuples sur leur devenir et sur la capacité de l’Union à favoriser l’émergence d’une puissance authentique, d’essence fédérale, avec des frontières bien délimitées, des citoyens unis et capables de forger ensemble une destinée commune.

Il fallait parler haut et fort de l’Europe. Or, on a trop souvent donné l’impression de ne pas vouloir heurter de front tous ceux qui pour fuir leurs responsabilités ou leurs difficultés à appréhender demain ont préféré balbutier quelques paroles inaudibles, de peur sans doute d’être emportés par la vague.

Il fallait tracer les voies de l’avenir et proposer un projet nouveau, ambitieux et réaliste. Or, on a, là encore, trop souvent esquivé et tenu un discours incompréhensible et incapable de galvaniser l’énergie d’hommes et de femmes inquiets.

Il fallait opposer une alternative sérieuse au discours du repli sur soi et du « tout nationalisme ». Or, on a préféré accompagner une dérive qui est inquiétante quant à l’avenir de la réalisation du projet européen.

Les pères-fondateurs de la construction européenne ont été, sinon désavoués par certains, du moins oubliés, et il serait temps que des voies autorisées, des Européens de cœur et de raison reprennent l’initiative car sinon les périls guettent et chacune de nos démocraties européennes ne tardera pas à connaître l’une après l’autre la montée en puissance de forces obscurantistes.

2014 approche. Laisserons-nous accéder au Parlement européen des femmes et des hommes qui, dans une indifférence générale (le taux d’abstention aux élections européennes est hélas toujours très élevé), seront incapables de défendre avec courage et détermination un projet européen crédible, car fondé sur des institutions profondément démocratiques et s’appuyant sur des citoyens européens conscients de leur pouvoir et de leur légitimité à s’emparer d’un thème dont ils doivent être porteurs s’ils veulent compter dans le monde de demain qui se dessine aujourd’hui ?

Non, il n’est pas dit que l’Histoire s’écrira à reculons !

Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE

 

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