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14/11/2011

UN IMPERATIF : S'UNIR POUR SAUVER L'EUROPE

Editorial

 En  septembre 2001, dans un éditorial intitulé : « Pour des consensus forts » après avoir déploré (déjà) que le moteur de l’Europe soit en panne, j’indiquais en particulier :

« Il est trop facile de faire porter la responsabilité de l’inertie actuelle sur les autres tout en s’exonérant soi-même. L’Europe n’avance pas ou n’avance plus parce que c’est l’intergouvernemental qui commande aujourd’hui.

Plusieurs facteurs concourent au succès de cette tendance en France dont certains sont aggravés par la nature de nos institutions.

Il est indéniable, à cet égard, que la cohabitation ne favorise pas la prise de décision, chaque partie observant l’autre et ce, d’autant plus que l’équilibre interne de chaque camp est difficile à trouver compte tenu de la juxtaposition à l’intérieur de chaque coalition de forces politiques profondément antagonistes. Comment concilier les contraires et faire que des alliances comprenant chacune des pros et des antis, des souverainistes et des fédéralistes soient à même de faire progresser la construction européenne ?

Celle-ci est freinée parce que l’on ne veut heurter aucune sensibilité et que l’on ne se donne pas les moyens d’aller de l’avant en dégageant des consensus forts. Il faut le dire et cesser de biaiser.(…..)

Il n’est pas admissible qu’à l’aube du vingt et unième siècle, l’Europe piétine comme elle le fait aujourd’hui par la faute de dirigeants de chacune des nations qui la composent, assurément trop jaloux de leurs pouvoirs et prérogatives et incapables de se comporter en visionnaires de l’avenir. Gouverner ne doit pas être une fin en soi. Adopter un profil bas pour plaire au plus grand nombre en occultant de son programme tout ce qui peut heurter les susceptibilités, empêcher des ralliements et dégager des consensus forts ne peut que conduire à des déceptions et à des échecs cuisants.

Ill est temps de dire haut et fort ce que l’on veut quant au destin futur de l’Europe et de se donner les moyens d’une telle politique. »

 C’est la raison pour laquelle je voudrais aujourd’hui rendre hommage  à deux hommes qui viennent de tenir sur l’Europe des propos qui méritent de retenir toute notre attention dans le contexte particulièrement inquiétant dans lequel se trouve aujourd’hui l’Union européenne et plus encore la zone euro.

Il s’agit, d’une part, de M. Schäuble, ministre allemand des finances, qui vient de déclarer dans un entretien accordé au journal Le Monde du 13 novembre 2011 :  « Que l’Europe continue d’avancer. C’est notre grande mission. Car dans le monde globalisé du XXIème  siècle, nous avons besoin d’une Europe forte capable d’agir sur la scène mondiale. (…..) On constate aujourd’hui qu’une politique monétaire commune et le Pacte de stabilité et de croissance ne suffisent pas. Il faut créer des structures politiques qui feront converger les politiques budgétaires. Naturellement, on doit renforcer la gouvernance de l’Eurozone. (…) ». M. Schäuble allant jusqu’à se prononcer en faveur de l’élection au suffrage universel du président de la Commission européenne.

Il s’agit, d’autre part, de M. Philippe Bas, ancien ministre et ancien secrétaire général de l’Elysée, sénateur UMP de la Manche qui vient d’écrire dans une tribune remarquée du journal Le Monde du 12 novembre 2011* : « Le contexte européen impose plus fortement encore cette union des Français. L’Europe est de guingois ; il faut la remettre d’aplomb. Si nous ne faisons pas rapidement un grand bond vers le fédéralisme, nous vivrons au bord du gouffre, d’infarctus grecs en pas de danse franco-allemands et bientôt l’Europe sombrera. Il ne doit plus y avoir de querelles d’arrière-garde sur ce sujet crucial.

L’Europe est riche, plus qu’aucun autre continent. Elle a de quoi payer sa dette. Les attaques des marchés résultent d’un doute profond sur la volonté politique des Européens de défendre quoi qu’il arrive la zone euro. C’est cette incertitude plus encore que le montant de nos dettes qui crée l’insécurité sur les marchés financiers.

Certains se résignent à la fin de la zone. D’autres l’appellent même de leurs vœux. Ce sont des imposteurs. La sortie de l’euro, ce serait le chacun pour soi, la guerre économique entre pays européens, la négociation en ordre dispersé avec des puissances de plus d’un milliard d’habitants (La Chine, l’Inde), l’impossibilité d’être forts face au reste du monde. C’est la recette de l’appauvrissement, celui de tous nos pays collectivement, celui de chaque Européen individuellement. (….)

L’épreuve de vérité approche. Le choix est simple : une Union européenne politique s’exprimant avec autorité face au reste du monde ou de vielles nations égoïstes et nostalgiques courant en ordre dispersé vers leur déclin. Il n’y a pas de solution intermédiaire. (…)

Jamais une élection présidentielle n’aura été organisée dans un contexte aussi mouvant et un environnement aussi lourd de risques. Ces circonstances tout à fait exceptionnelles appellent un sursaut national lui aussi exceptionnel. Pour tenir un cap ambitieux, le gouvernement qui sortira des urnes en 2012 aura besoin d’une très large assise politique.».

 Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE

 *   Voir également sur le site de La  Lettre Ethique  Civisme et Politique : « Pour des consensus forts en temps de crise »

 

 

 

06/11/2011

DE L'ELARGISSEMENT A LA DILUTION!

Editorial

 On annonce la signature à Varsovie le 19 décembre prochain du traité d’adhésion de la Croatie à l’Union européenne, les négociations commencées en 2005 ayant abouti le 30 juin après six années. La Croatie deviendrait ainsi le 28ème membre de l’Union européenne à compter du 1er juillet 2013 sous réserve de l’approbation de cette adhésion par le Parlement européen.

Le chef de l’Etat, lors d’un déplacement en Géorgie le 9 octobre dernier, a déclaré que « la Géorgie devait être libre d’exprimer son aspiration à l’Union européenne » et un jour la rejoindre « sous réserve de réformes et de l’approfondissement de [sa] démocratie ».

On peut comprendre les raisons d’une telle déclaration, à savoir soustraire la Géorgie de la zone d’influence souhaitée par la Russie qui se montre hostile à toute extension des structures euro-atlantiques, sans pour autant y souscrire.

De son côté, le 12 octobre, M. Stefan Füle, commissaire à l’élargissement - on peut être perplexe sur le maintien d’un tel poste eu égard au contexte - présentait son rapport sur les candidats à l’élargissement. Ceux-ci étant au nombre de neuf Etats : l’Albanie, la Bosnie, la Croatie, l’Islande, le Kosovo, la Macédoine, le Monténégro, la Serbie et la Turquie. Certains de ces Etats voyant, selon ce rapport, leurs chances d’adhérer dans un avenir plus ou moins rapproché, dont l’Islande, sous réserve que cette adhésion soit adoptée par voie référendaire, et sans doute plus tard, la Serbie et le Monténégro.

Ainsi, une fois de plus, l’idée d’élargir, d’élargir encore, d’élargir toujours, semble être au centre des préoccupations de nombre de dirigeants européens, alors que des nuages s’amoncellent au dessus du devenir de cette entité européenne que l’on prétend vouloir construire tout en s’interdisant de la doter des moyens qui lui permettraient d’exister vraiment en tant que telle.

L’Europe intégrée ne devrait pas vouloir toujours s’étendre car cette extension se fait bien évidemment, comme nous n’avons jamais cessé de le dire et de l’écrire depuis des années, au prix d’une dilution dans un vaste ensemble de moins en moins homogène  et donc de plus en plus ingouvernable. La crise à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés ne fait que confirmer hélas nos craintes et inquiétudes souvent exprimées ici.

Il est tout simplement aberrant, et je tiens à le réaffirmer une nouvelle fois, de vouloir aujourd’hui encore élargir alors même que nous subissons chaque jour davantage les conséquences d’élargissements successifs, mal préparés et surtout prématurés.

Nous avons répété depuis des années que l’approfondissement devait précéder tout nouvel élargissement et qu’il était temps de faire une pause. Dans le même sens nous n’avons cessé d’en appeler avec les Européens les plus conséquents et les plus sincères à plus de fédéralisme dès lors que l’on acceptait d’avoir une  monnaie unique.

Une fois de plus, il faut  dire à tous ceux qui ne semblent pas avoir pris l’exacte mesure des conséquences d’élargissements intempestifs sur l’avenir de l’Union qu’il est urgent de changer de cap. C’est une simple question de bon sens.

 Gérard-David Desrameaux

Président-fondateur du RCE